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Réparation de la myéline

Sclérose en plaques : le rôle clé de la testostérone

Par Audrey Vaugrente

L’hormone sexuelle masculine est importante pour le cerveau. La testostérone aide à réparer efficacement la myéline, qui protège les fibres nerveuses de l’organe.

ralwel/epictura

La testostérone est décidément une hormone multitâche. Impliquée dans la fertilité masculine, la pilosité ou encore le développement musculaire, elle est aussi essentielle au cerveau. Des chercheurs de l’Inserm ont découvert qu’elle était liée à l’intégrité de la myéline. Ses variations pourraient donc être impliquées dans des maladies comme la sclérose en plaques, expliquent-ils dans PNAS, la revue de l’Académie américaine des sciences.

L’hormone essentielle

La myéline gaine les fibres nerveuses cérébrales et les protège. Elle assure aussi la transmission rapide des informations envoyées par le cerveau ou la moelle épinière vers le reste du corps. Il est donc essentiel qu’elle reste en bon état. Pour s’en assurer, deux types de cellules interviennent dans sa réparation : les oligodendrocytes et les astrocytes. Les premiers sont chargés d’aider la myéline à se développer. Un mécanisme de raccommodage qui n’est pas sans faille.
Dans la sclérose en plaques par exemple, la gaine est endommagée et le reste. La transmission nerveuse est donc perturbée, ce qui entraîne une paralysie à terme.

En temps normal, une hormone aide à la réparation spontanée de cette gaine : la testostérone et son récepteur présent dans différents organes. Des tests sur la souris l’ont confirmé. Privés de leurs testicules ou de récepteurs des androgènes, les animaux présentaient des lésions au niveau de la myéline. « La testostérone favorise la production de myéline par les cellules qui la synthétisent dans le système nerveux central dans le but de réparer la gaine essentielle à la transmission de l’influx nerveux », conclut donc Elisabeth Traiffort, directrice de recherche à l’Inserm.

Un passé commun

Cette découverte « inattendue » pourrait s’avérer précieuse pour les personnes spécialisées dans les maladies démyélinisantes, comme la sclérose en plaques. En effet, les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes, et l’évolution varie selon le sexe. « Nos résultats ouvrent la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques et pourraient également être bénéfiques pour la recherche sur les maladies psychiatriques ou du vieillissement cognitif », anticipe Elisabeth Traiffort.

Reste maintenant à expliquer comment une hormone sexuelle peut être liée à un mécanisme aussi important. La raison vient sans doute du passé. Dans l’évolution des vertébrés à mâchoire, le récepteur des androgènes est apparu en même temps que la myéline. Une histoire commune qui expliquerait ce lien indéfectible.