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Selon un Collectif

Sans domicile fixe : 500 décès survenus dans la rue en 2015

Par Anne-Laure Lebrun

Dans son rapport annuel, le Collectif Morts de la rue indique que 497 SDF et 88 anciens SDF ont été retrouvés morts dans la rue ou à l'hôpital l'an dernier en France.

trossofoto/epictura

En 2015, 497 décès de personnes sans domicile fixe (SDF) et 88 anciens SDF ont été rapportés au Collectif Morts de la rue (CMDR), indique l’organisation dans son rapport annuel. La proportion de morts serait 6 fois moins élevée que le nombre réel estimé (entre 1 489 et 4253 décès en 2015).

Le Collectif explique que leurs données sont à interpréter avec prudence. Elles ne représentent, en effet, « qu’une partie de la réalité » puisque toutes les disparitions de sans abri ne sont pas signalées. Ce rapport permet tout de même d’imaginer le profil de ces personnes vulnérables décédées en grande majorité dans la rue.


Plus d'une décennie dans la rue

Agés en moyenne de 49 ans au moment de leur mort, soit 30 ans de moins que le reste de la population, les SDF sont en grande majorité des hommes qui ont vécu au moins 10 ans dans la rue. L’an dernier, le CMDR a également recensé 43 femmes âgées en moyenne de 52 ans et qui ont vécu dehors pendant plus de 8 ans, 6 mineurs de moins de 15 ainsi que des nourrissons. Ils notent également la mort de 29 migrants qui tentaient de traverser la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne.

Dans plus de 4 cas sur 10, ces personnes sont mortes sur la voie publique ou dans des abris de fortune (contre 6 % de la population générale). Autant sont mortes à l’hôpital. Bien que les causes ne soient connues que pour la moitié d’entre elles, il apparaît clair que les SDF succombent à des morts violentes (meurtre, noyade, chutes…).

Du côté des anciens SDF, ce sont les cancers qui les emportent. Des pathologies qui se développent, notamment en raison de leur mauvais état de santé et conditions de vie. Plus de la moitié fume du tabac, plus d’un tiers boit de l’alcool et moins d’un quart consomme de la drogue, décrit le rapport.


Les SDF ne meurent pas que du froid

A la lumière des ces données, le Collectif s’attache à « nuancer l’image populaire du clochard alcoolique qui meurt de froid seul dans la rue ». Il souligne en effet que « les hypothermies ont représenté 5 décès en 2015, soit moins de 1% des décès en 2015 ». S’il reconnaît que le froid accentue la fragilité de cette population, le CMDR rappelle que le froid est un facteur de risque naturel de décès. « Le fait que certaines personnes soient sans domicile est un facteur social de risque accru de décès. Mais ce statut sans domicile peut être traité par des politiques publiques, alors que le froid hivernal est immuable, ce qui pousse à l’inaction », estime-t-il.

Ainsi, le Collectif insiste sur la nécessité de mener une vraie politique de prévention et l’importance de mettre en place des lieux d’hébergement pérennes quel que soit la saison. En France, quelque 161 850 personnes vivraient dans la rue.