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Essai clinique

Alzheimer : un vaccin cible une protéine toxique

Par Anne-Laure Lebrun

Des chercheurs suédois ont mis au point un vaccin capable de booster le système immunitaire pour détruire les agrégats de protéine Tau qui se développent dans le cerveau. 

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Pourra-t-on un jour prévenir la maladie d’Alzheimer comme l’on contre la survenue de la grippe à l’aide d’un simple vaccin ? C’est tout l’objectif de l’immunothérapie développée depuis une quinzaine d’années dans le domaine des maladies neurodégénératives. Une piste thérapeutique sérieuse qui commence à prouver son efficacité, comme le montre une étude publiée dans The Lancet Neurology.

Cette stratégie thérapeutique promet de s’attaquer aux causes directes de la maladie. Dans le cerveau des patients atteints de cette démence, on peut observer deux lésions caractéristiques : les plaques amyloïdes et l’agrégation des protéines Tau. Leur accumulation dans le cerveau favorise la désorganisation des neurones et leur mort.

Jusqu’à aujourd’hui, les chercheurs se sont surtout attelés à développer des vaccins suscitant une réponse immunitaire forte contre les plaques amyloïdes afin d’induire leur destruction. Les essais cliniques se soldent très souvent par des résultats en demi-teinte, notamment en raison d’effets secondaires graves provoqués par l’attaque de protéines « saines ».


Peu d'effets secondaires

De ce fait, l’équipe de l’Institut Karolinska (Suède) a décidé de cibler la protéine Tau. Les chercheurs ont donc développé un vaccin, appelé AADvac1, contenant un anticorps dirigé uniquement contre la forme toxique de la protéine grâce à la découverte de son talon d’Achille. Ils expliquent, en effet, que la protéine Tau responsable de la maladie d‘Alzheimer présente une région particulière qui n’existe pas sur sa forme "normale".

Ainsi, l’anticorps contenu dans leur vaccin est capable d’identifier les différentes protéines Tau et de se fixer sur les formes toxiques. Une fois fixé, une autre molécule contenue dans le vaccin alerte le système immunitaire de leur présence, ce qui déclenche une forte réaction des cellules immunitaires et la destruction des agrégats.

L’essai clinique de phase 1 réalisé chez une trentaine de patients montre que l’injection de l’anticorps provoque bien une réaction du système immunitaire. Pour le moment, aucune amélioration n’a été observée, mais il semble que le vaccin soit sûr. Les seuls effets secondaires rapportés sont une réaction cutanée à l’endroit où a eu lieu l’injection. Aussi, au vu de sa capacité à susciter une réponse immunitaire et l’absence d’effets indésirables graves, des essais cliniques de phase 2 devraient bientôt démarrer.