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Avis du Conseil d’Etat

Clip sur la trisomie 21 : la "censure" du CSA était justifiée

Par Julie Levallois

Une vidéo sur la trisomie 21 a été retirée de l'antenne en 2014. Le CSA dénonçait un message ambigu. Le Conseil d'Etat a confirmé cette décision.

Capture d'écran de la vidéo YouTube

Le buzz remonte à 2014 mais ses répercussions restent vivaces. Le Conseil d’Etat a tranché ce 10 novembre : un clip qui met en scène des jeunes atteints de trisomie 21 n’a pas sa place à l’antenne au milieu des encarts publicitaires. Il soutient donc l’avis du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). La plus haute juridiction de France était saisie par sept personnes trisomiques et deux associations pro life – le Collectif des amis d’Eléonore et la Fondation Jérôme Lejeune.

Une projection inappropriée

Le clip en question, « Chère future maman », a connu un succès éclair sur Internet. Diffusée sur la plateforme vidéo YouTube, elle a rapidement atteint les 2 millions de vues en mars 2014. Il faut dire que la réalisation joue sur la corde sensible. Elle met en scène plusieurs jeunes souffrant de trisomie 21. Ils répondent à une future maman qui s’interroge sur l’avenir de son fœtus, également malformé. L’ensemble des intervenants lui explique pourquoi ils sont heureux d’être en vie.


Le succès est tel que la vidéo finit sur plusieurs antennes de télévision. Ce qui n’est pas du goût du CSA. Le « gendarme » de l’audiovisuel rappelle à l’ordre les trois chaînes qui l’ont diffusée au milieu de publicités. Un tel message ne devrait pas être projeté dans un tel cadre, estime-t-il. Décision que ne partagent pas les requérants. Ils dénoncent une censure injustifiée. L’affaire finit donc sur les bureaux du Conseil d’Etat.

L’Europe saisie du dossier

La juridiction donne raison au CSA : ce petit film est susceptible de troubler les femmes enceintes d’un fœtus trisomique. La diffusion est bien « inappropriée » dans le cadre où elle était proposée. Le gendarme de l’audiovisuel n’a pas commis d’erreur de droit. La « finalité peut paraître ambiguë », concède le Conseil d’Etat.

Mais l’institution accorde aussi un point aux associations : la présentation positive de la vie des jeunes trisomiques remplit un « objectif d’intérêt général ». De fait, les discriminations sont encore loi dans ce domaine.

La concession ne suffit pas aux requérants. La Fondation Jérôme Lejeune a d’ores et déjà annoncé son intention de saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). « Cachez-moi cet enfant trisomique qui semble heureux », grince l’association. Elle dénonce, dans un communiqué, une « singulière conception de la vie humaine » et un « eugénisme ». La rhétorique est bien menée mais reste classique. Les arguments présentés le sont à chaque polémique.