ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Aide à mourir : Jean Mercier relaxé par la Cour d'appel de Lyon

Procès en appel

Aide à mourir : Jean Mercier relaxé par la Cour d'appel de Lyon

Par Julian Prial

Jean Mercier, 88 ans, était jugé en appel à Lyon pour avoir aidé sa femme Josianne, malade, à mourir en 2011. Il vient d'être relaxé par la justice française.

JanPietruszka/epictura

La Cour d'Appel de Lyon (Rhône) a relaxé, ce jeudi, Jean Mercier, 88 ans, cinq ans jour pour jour après les faits. En septembre dernier, l'homme avait été condamné en première instance à une "peine de principe" : un an de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Le 10 novembre 2011, il avait aidé sa femme, Josanne, à partir.

Relaxé par les juges, il n'a pas caché sa satisfaction : « Je suis fou de joie », a-t-il déclaré à l'issue de l'audience lors d'une conversation téléphonique avec le président de son comité de soutien, Henri Duchez. Atteint par la maladie de Parkinson, il n'a pu pour cela assister à son procès. Même bonheur pour son avocat, Me Mickaël Boulay, qui a défendu son client pendant « cinq longues années ». Pour lui, « c'est l'aboutissement d'un long travail. Je suis tellement heureux. »

Présents en nombre à l'audience, les militants de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) partagent eux aussi leur joie d'un tel dénouement. Sur Twitter, ils écrivent : « RELAXE ! Jean Mercier est relaxé, la justice a reconnu son geste d'amour. La loi sur la fin de vie doit maintenant changer ». Vers le suicide assisté, espèrent-ils. Son président, Jean-Luc Romero-Michel, ajoute :  « Heureux pour Jean. La justice prend ses responsabilités. Et les élus ? », questionne-t-il. 

 

Trop fatiguée pour aller en Suisse

Dans une interview donnée en 2015 à nos confrères du Parisien, l’octogénaire s’était dit heurté par les accusations portées à son encontre. Pour lui, « cet acte d’humanité a demandé beaucoup de courage » et s’il ne l’avait pas fait, il aurait eu honte de lui. Il explique avoir respecté une promesse réciproque faite 15 ans auparavant.

Les faits qui lui sont reprochés remontent à un matin de novembre 2011. Sa femme Josiane, 83 ans, souffre de douleurs intenses dues à l’arthrose et calmées par de la morphine. Elle était également dépressive depuis une trentaine d’années et avait tenté plusieurs fois de mettre fin à ses jours. Adhérents à l’ADMD, ils avaient programmé un départ en Suisse, où le suicide assisté est légal. Mais trop fatiguée, Josanne Mercier y renoncera.

Rien à cacher

Puis arrive le 10 novembre 2011. Ce jour-là, Jean Mercier sent dans la voix de sa femme que les plaintes sont différentes, « qu’elle voulait en finir à tout prix ». Il accepte de lui apporter ses médicaments et de vider la bouteille de morphine dans un verre. Quelques heures plus tard, il appelle le médecin. Mais avant que celui-ci signe le permis d’inhumer, l’octogénaire lui raconte tout. « Au fond, je n’avais rien à cacher, je sais qu’elle est partie en paix », a-t-il raconté au quotidien.

Encore aujourd’hui, Jean Mercier est persuadé d’avoir fait le bon choix pour lui et sa femme. D’ailleurs, il est convaincu que la France finira par autoriser le suicide assisté d’ici 10 ou 20 ans...