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Suicide assisté : Jean Mercier veut faire bouger la loi





Jean Mercier, 87 ans, est atteint de la maladie de Parkinson et comparaîtra ce mardi devant le tribunal de Saint-Etienne pour avoir aidé sa femme à mourir. Ce n’est d’ailleurs ni pour meurtre, ni pour homicide que l’octogénaire est inculpé, mais pour « non-assistance à personne en péril »… Un chef d’inculpation qui en dit long sur le malaise de la justice face à ces cas, dont il est difficile de connaître le nombre. Jean Mercier aurait pu se taire, et laisser croire à une mort naturelle de sa femme. Il a choisi de dire la vérité, pour apporter sa pierre, « aussi petite soit-elle, afin d’obtenir une loi », confie-t-il au Parisien.

 

Les faits remontent à il y a presque 4 ans, et c’est la tête haute et la conscience tranquille que Jean va au tribunal aujourd’hui. « J’ai hâte qu’on m’entende », raconte-t-il. C’est qu’il en a, des choses à dire à la justice, lui qui milite depuis des années au sein de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). Dans le témoignage qu’il a d’ores et déjà livré aux médias, Jean Mercier n’hésite pas à expliquer sereinement qu’aider sa femme à mourir ce jour de novembre 2011 a été un acte d’amour, d’humanité, mais « faire ce geste (…), c’est vraiment l’horreur », ajoute-t-il. La société doit-elle ainsi laisser des parents, des conjoints, assumer seuls dans la clandestinité un moment aussi important et difficile ?

Les « aidants », comme on les appelle, ces personnes qui, au quotidien, prennent soin de leurs proches, commencent tout juste à devenir visibles. Un chiffre communiqué à l’occasion de la Journée mondiale contre la maladie d’Alzheimer indique que 30 % des aidants dont un proche est touché par cette maladie décède avant la personne malade… Jean Mercier n’a pas simplement aidé sa femme à mourir, il l’a aussi accompagnée des années durant dans la maladie. Avant de se retrouver dans le box des accusés, il a lui aussi été un aidant. Et il ose poser tout haut la question que la société se pose tout bas : « N’avais-je pas fait ce geste en partie pour moi ? ». Josanne, la femme de Jean, militait elle aussi à l’ADMD, et leurs enfants ont été un soutien sans faille pour leur père, après le décès de leur mère. Il est cependant facile d’imaginer que la situation n’est pas toujours aussi simple à gérer. Après avoir accompagné un proche dans la maladie, puis dans son projet de suicide assisté, combien sont-ils à vivre avec le poids du doute, de la culpabilité ou les reproches de leur famille ?

 

Bien sûr, pour ceux qui en ont les moyens, financiers (10 000 euros environ) et physiques, il est toujours possible de se rendre dans un pays où le suicide assisté est légal, la Suisse par exemple. Ils seraient des dizaines en France, selon Le Parisien, à chaque année passer la frontière pour mettre fin à leurs jours dans la dignité, avec l’aide d’un tiers, évitant ainsi d’impliquer directement leurs proches. Tant mieux donc pour ceux qui peuvent, mais pour les autres ? Et bien il reste la loi française. Le texte sur la fin de vie devrait être examiné en deuxième lecture, il prévoit « une sédation profonde », et l’arrêt des traitements. Mais ce texte, qui voulait aller plus loin que la loi Léonetti, n’a pas su dépasser les craintes et les clivages, et laisse finalement un goût amer à tous ceux qui espéraient que la France finirait par autoriser le suicide assisté. La pétition qui soutenait ce projet a rassemblé plus de 100 000 signatures… Les tribunaux n’ont pas fini de devoir juger des personnes comme Jean Mercier.

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