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Plus que les antibiotiques

Obésité : les infections infantiles augmentent le risque

Par Anne-Laure Lebrun

Les enfants de moins d'un an atteints d'infections ORL non traitées ont 25 % plus de risques de développer une obésité dans l'enfance ou l'adolescence. 

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Les infections infantiles seraient associées à un risque accru d’obésité chez les enfants, suggère une étude publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology. Et contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à maintenant, les antibiotiques prescrits pour traiter ces malades courantes ne sont pas responsables de ce sur-risque. Les infections elles-mêmes sont en cause.

En France, environ 18 % des mineurs de 3 à 17 ans sont en surpoids, dont 3,5 % sont obèses. Une proportion inquiétante qui ne cesse d’augmenter depuis les années 1990, et qui ne semble pas diminuer dans les décennies à venir, aussi bien dans notre pays et à travers le monde. Mode de vie, exposition à des substances chimiques dans l’environnement, troubles métaboliques chez la mère… Les scientifiques explorent de nombreuses pistes pour expliquer cette épidémie.

Ces dernières années, l’usage des antibiotiques, et en particulier leurs effets néfastes sur la flore intestinale, a été examiné. De nombreux travaux ont en effet montré que ces médicaments perturbent la composition du microbiote et favorisent la prise de poids. Mais à en croire les récents travaux de l’Institut Kaiser Permanente (Etats-Unis), les infections infantiles seraient la cause de l’excès de poids.


Prévenir les infections

Les chercheurs ont étudié les dossiers médicaux de 260 556 enfants nés entre janvier 1997 et mars 2013 en Californie du Nord, et pris en charge par l’Institut Kaiser Permanente depuis leur naissance. Ils ont noté toutes les infections respiratoires ou de l’oreille dont ils ont souffert et les prescriptions d’antibiotiques, ainsi que l’évolution de leur courbe de corpulence jusqu’à leurs 18 ans. Ils ont également pris en compte d’autres facteurs comme le tabagisme de la mère au cours de la grossesse, l’indice de masse corporelle de la mère et le mode d’alimentation de l’enfant (allaitement ou lait maternisé).

Il ressort que les enfants atteints d’une de ces infections dans leur première année de vie mais n'ayant pas reçu d’antibiotiques ont 25 % de risque de devenir obèses plus tard par rapport aux enfants qui n’ont pas eu d’infections. Et il s’avère que plus les enfants ont souffert d’infections non traitées, plus le risque d’obésité dans l’enfance ou l’adolescence augmente. 

En revanche, les résultats montrent que les enfants ayant reçu des antibiotiques avant leur 1 an ne présentent pas de sur-risque d’obésité par rapport aux enfants malades et non-traités. Des résultats qui persistaient quelle que soit la classe d’antibiotiques utilisée.

Ainsi pour lutter contre l’obésité infantile, les chercheurs recommandent de renforcer la prévention des infections et leur traitement, tout en prenant soin de faire de réduire le nombre de prescription d’antibiotiques.