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Impact sur le cerveau

Energy drinks et alcool provoquent des effets similaires à la cocaïne

Par Julian Prial

Associer alcool et boissons énergisantes peut présenter des risques pour le cerveau des adolescents, selon une étude américaine.

SALOM GOMIS/SIPA

Le célèbre Vodka-Red Bull résistera-t-il à ces révélations. La consommation de boissons alcoolisées hautement caféinées (energy drink) déclencherait des effets dans le cerveau des adolescents proches de ceux de la cocaïne. C'est en tout cas ce que conclut une étude de l'université de Purdue dans l'Indiana (Etats-Unis) publiée dans la revue PLOS ONE.

Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe a fait boire à de jeunes souris, dont l'activité neuronale est un bon modèle de  celle des êtres humains, des breuvages jusqu'à dix fois plus concentrés en caféine que les sodas. Cela en association avec de l'alcool. Principal auteur de l'étude, Richard M. van Rijn, professeur de chimie médicale et pharmacologie moléculaire, explique que lorsque le mélange est consommé régulièrement, « les souris atteignent des niveaux d’excitation très élevés. » Et ce n'est que le début des sueurs froides pour ceux qui préparaient une soirée arrosée ce vendredi soir. Car l'effet n'est constaté qu'avec cette combinaisons de boissons. Il n'a, c'est vrai, pas été observé quand les boissons étaient consommées individuellement.

Des expériences interdites chez les ados 

Ainsi, les chercheurs alertent sur « cette combinaison qui présente le même effet sur le cerveau de l’adolescent que la cocaïne ». Ils ont, par ailleurs, noté la présence d’une protéine particulière (AlphaFosB) dans le cerveau. Rien de rassurant non plus puisque celle-ci est en fait un biomarqueur de dégâts cérébraux sur le long terme liés à la consommation de drogues dures (cocaïne,morphine).

« Les modifications cérébrales sont telles que les souris étaient plus susceptibles d’abuser de ce cocktail une fois adulte ». En effet, selon les chercheurs, à l’image de la cocaïne « les souris, pour continuer à ressentir les effets des boissons, ont augmenté les doses ». Ces dommages repérés plusieurs années après la consommation à risque « expliquent la difficulté connue chez les usagers de drogue à se départir de leur addiction », poursuit Richard M. van Rijn.

Les chercheurs affirment également que les adolescents exposés au mélange auraient aussi une propension plus forte à consommer d'autres produits : « Leur cerveau a tellement changé qu’ils ont tendance à abuser des substances  donnant du plaisir même à l’âge adulte », précise le scientifique. Pour des raisons éthiques, ces expériences ne peuvent évidemment être menées chez l’être humain . « Mais ces résultats prouvent l’équivalence de nocivité entre des substances addictives légales et illégales », conclut l'équipe.

 

Les recommandations de l'Anses 

En 2013, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait déjà tiré l'alarme sur les dangers associés aux boissons énergisantes, leur teneur en caféine (équivalente en moyenne à deux expressos) pouvant, en association avec de l'alcool ou du sport, « générer des accidents cardiaques graves chez les consommateurs porteurs de prédispositions génétiques fréquentes (1 individu sur 1.000) et généralement non diagnostiquées ».

Face à autant de risques, l'Anses recommandait d'éviter le mélange à risques des boissons énergisantes avec l'alcool. Notamment pour certains consommateurs fragiles : les femmes enceintes et allaitantes par exemple, la caféine pouvant notamment augmenter le risque de retard de croissance du fœtus et passer dans le lait maternel. Autre population à protéger, celle des enfants et adolescents, particulièrement sensible à la caféine. Elle peut perturber leur sommeil, entraîner des somnolences diurnes et les exposer au développement ultérieur de conduites addictives. L'Agence souhaitait donc encadrer la promotion de ces boissons envers les publics les plus sensibles.