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Dans la lombalgie

Placebo : l’effet reste même si le patient est averti

Par Audrey Vaugrente

Des patients atteints de lombalgie reconnaissent moins souffrir alors qu'ils ont été informés que les chercheurs leu donnaient un placebo.  

khlebec/epictura

Sans principe actif mais pas sans efficacité. Les placebos font souvent l’objet de moqueries. Et pourtant, ces produits dépourvus de substances actives peuvent avoir leur intérêt. Dans la lombalgie par exemple, ils se montrent plus efficaces que les traitements habituels. C’est ce que montre une petite étude parue dans la revue spécialisée Pain. Menée par l’Institut Supérieur de Psychologie Appliquée de Lisbonne (Portugal), elle conclut que les placebos ne doivent pas être jetés à la poubelle. Ils peuvent avoir une place dans les stratégies thérapeutiques.

97 patients lombalgiques ont pris part à ces travaux. Tous souffraient de douleurs chroniques au début de l’étude, qu’ils avaient tenté de combattre à l’aide d’anti-inflammatoires. L’ensemble de ces patients en souffrance ont été dépistés et examinés par une infirmière. Ils ont ensuite rencontré l’équipe de chercheurs, qui leur a expliqué le fonctionnement d’un placebo.

Moins de douleur

La deuxième phase s’est déroulée auprès de deux groupes, composés de manière aléatoire. La moitié des volontaires a reçu un médicament actif, l’autre un placebo. Dans les deux cas, ils étaient parfaitement informés de la nature de leur traitement. Cette information n'altère pas l'effet placebo. Les patients ont constaté des améliorations supérieures, alors même qu’ils étaient conscients du fait que leur pilule ne contenait aucun principe actif.

La douleur de fond et en pic est réduite de 30 % après l’administration du placebo. Dans le groupe traité, le bénéfice est bien moindre puisqu’il s’échelonne entre 9 et 16 % de réduction des souffrances. « C’est le bénéfice de l’immersion dans le traitement : l’interaction avec un médecin ou une infirmière, la prise de médicaments, tous les rituels et les symboles de notre système de santé, analyse Ted Kaptchuk, co-auteur de l’étude. Le corps réagit à cela. » Autrement dit, même sans médicament, le fait d’être suivi et pris en charge reste bénéfique.

Une action sur le cerveau

La différence est encore plus prononcée lorsque les participants ont été invités à évaluer l’impact de la prise en charge sur l’invalidité liée à la douleur. Ceux sous médicament actif n’ont constaté aucune évolution. Ceux traités par placebo, en revanche, constatent un recul de 29 % des limitations physiques. La conclusion est simple aux yeux de Claudia Carvalho, qui signe également ces travaux : « Nos résultats montrent que l’effet placebo peut être obtenu sans tromperie. » La chercheuse ajoute que cette approche responsabilise le patient, ce qui pourrait accroître le bénéfice.

Sur le plan des symptômes, les auteurs avancent une hypothèse. L’effet placebo module les signes de la pathologie par une action sur le cerveau. L’activation se poursuit même lorsque la prescription est transparente.