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Initiative de Michèle Delaunay

Tabac : 100 000 professionnels de santé appelés à se mobiliser

Par Audrey Vaugrente

ENTRETIEN – Un appel en ligne espère rassembler 100 000 signatures de professionnels de santé, afin d'améliorer la lutte contre le tabagisme.

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C’est un mouvement sans précédent que veut impulser Michèle Delaunay. La députée PS a lancé un appel en ligne aux professionnels de santé, contre le tabac. L’ex-cancérologue espère rassembler 100 000 d’entre eux autour d’un document. Les signataires s’y engagent à agir davantage contre le tabagisme, et de manière plus ciblée. Ils interpellent aussi les responsables politiques. Ces derniers sont appelés à appliquer la loi de manière plus rigoureuse. A l’aube du mois sans tabac, ce document devrait faire parler de lui. En l’espace de quelques jours, l’Alliance contre le tabac a recueilli les signatures de 1 400 professionnels de santé. Dans leurs rangs, le président de la Fédération Addiction Jean-Pierre Couteron.

Pourquoi avez-vous signé cet appel ?

Jean-Pierre Couteron : Pour parler franchement, on a plus hésité sur la forme que l’objectif de l’appel. Il y a un style quelque peu injonctif qui n’est pas toujours le plus efficace en addictologie. Mais se mobiliser pour obtenir une politique cohérente vis-à-vis du tabagisme, et faire converger les actions pour y parvenir l’a emporté. La lutte contre le tabagisme est une responsabilité partagée. Il est intéressant d’inclure des professions qui pourraient penser qu’il suffit de le décider pour y arriver. Ce n’est pas le cas en addictologie. J’espère qu’il récoltera les 100 000 signatures. On devrait y arriver.

Quelles retombées attendez-vous de l’appel ?

Jean-Pierre Couteron : On attend que cela pèse sur le milieu politique. Ce n’est pas ce type d’appel qui pèsera sur l’opinion publique. Il faut présenter une convergence des grands acteurs de la santé dont il faut tenir compte. On espère que cela évitera les erreurs observées sur l’alcool, où ce qui a été gagné d’un côté a été perdu de l’autre par l’assouplissement de la loi Evin. On espère aussi en tirer un message cohérent, le courage de développer une vraie politique et, à notre sens, de mettre au point une vraie politique de réduction des risques.

Les politiques actuelles sont-elles insuffisantes ?

Jean-Pierre Couteron : Une dynamique s’est engagée sur le tabac, avec un plan national de réduction du tabagisme. Mais le succès est plus que relatif. Le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire n’est pas extraordinaire. Cela pose le débat du prix, de la réduction du risque et de la place laissée au vapotage. On aurait pu tendre la main aux vapoteurs dans cet appel.

A quelques mois de la présidentielles, pensez-vous intégrer le débat ?

Jean-Pierre Couteron : C’est bien de le tenter. On sait que la campagne présidentielle va provoquer un ensemble de posture. Si les 100 000 signataires sont rassemblés, il y aura un impact. Le nombre peut être impressionnant. C’est pour cela qu’on se mobilise. Si chacun montre qu’il s’agit d’une conviction partagée des professionnels de santé, cela devrait peser.