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ESMO 2016

Cancers de la tête et du cou : leur poids est sous-estimé

Par Julie Levallois

En France, un tiers des répercussions des cancers de la tête et du cou sont ignorées. Diagnostics tardifs et fragilité des patients sont autant de facteurs souvent laissés de côté.

photographee.eu/epictura

Les cancers de la tête et du cou sont encore méconnus. Ils ne sont pourtant pas rares : entre 2008 et 2012, 132 000 patients ont été diagnostiqués en France. Mais leur poids est souvent sous-estimé, déplorent deux études présentées au Congrès annuel de la Société européenne d’oncologie moléculaire (ESMO), qui se tient à Copenhague (Danemark) du 7 au 11 octobre. Les maladies qui les accompagnent ne sont pas prises en compte, et les données omettent souvent cette cause de décès. En conséquence, 38 % des répercussions de la maladie ne sont pas répertoriées.

La survie à un cancer de la tête et du cou est particulièrement mauvaise. Après 5 ans, seuls 34 % des patients sont encore en vie. Les statistiques pourraient être encore plus mauvaises, à en croire les résultats de ces travaux. A l’heure actuelle, ces tumeurs sont souvent omises dans les certificats de décès. En cause : les nombreuses comorbidités qui surviennent chez ces patients. En effet, les principaux facteurs de risque sont le tabagisme et l’excès d’alcool. Deux comportements qui favorisent les pathologies chroniques. Ainsi, dans un cas sur deux, un patient hospitalisé présente une autre tumeur. Quand il décède, les médecins privilégient donc d’autres causes : une autre maladie, un cancer sur un autre organe…

Des diagnostics tardifs

Un véritable fossé sépare la réalité des chiffres officiels. Ces derniers affirment que l’incidence de ces cancers recule car les deux facteurs de risque majeurs sont mieux maîtrisés. La mortalité, elle, continue d’augmenter, affirment les auteurs de cette étude.

Ce mauvais résultat est probablement lié au fait que les diagnostics sont souvent tardifs, ce qui réduit considérablement les chances de survie. Ceux posés à un stade avancé représentent 57 % des déclarations. Or, le risque de décès est alors multiplié par six. Le pronostic est tout aussi mauvais pour les patients avec des métastases distantes (12 %).

Pour le Pr Sandrine Faivre, oncologue aux Hôpitaux Universitaires Paris Nord Val de Seine, ces résultats doivent conduire à un changement des pratiques. « Nous devrions nous souvenir que ces patients sont fragiles, a-t-elle souligné au congrès. ils présentent de multiples comorbidités, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la toxicité des traitements. » Ils sont aussi exposés aux récidives : 31 % des malades ont fait une rechute au cours du suivi.

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