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Assemblée générale de l'ONU

Antibiorésistance : des plans nationaux annoncés par les Etats

Par Antoine Costa

Lors de l'assemblée générale les dirigeants du monde entier ont pour la première fois appelé à enrayer l'émergence de résistances bactériennes aux antibiotiques.

NIAID/Flickr

Si rien n’est fait, les antibiotiques pourraient un jour devenir complètement inefficaces contre la tuberculose, la gonorrhée ou des infections banales. Une menace entendue par les dirigeants du monde entier réunis cette semaine à New York pour la 71ème Assemblée Générale des Nations Unies.

Pour la première fois, les chefs d’Etats ont appelé d’une seule voix à freiner l’émergence de résistance bactérienne aux antibiotiques. Ils se sont engagés à élaborer des plans d’action nationaux basés sur le Plan d’action mondial pour lutter contre la résistance aux antibiotiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en coordination avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Ces derniers auront pour objectif de mettre fin au mésusage et à la sur-utilisation de ces médicaments à la fois chez l’homme et l’animal.

« Les Etats membres ont approuvé une déclaration politique forte qui propose une bonne base à la communauté internationale afin d’avancer. Un pays, un secteur ou une organisation ne peut, à lui seul ou à elle seule, résoudre ce problème », a commenté Peter Thompson, président de la 71ème session de l’Assemblée générale.


Besoin urgent d'agir

Les dirigeants ont, par ailleurs, reconnu que les systèmes de surveillance de l’antibiorésistance et l’usage des antibiotiques en médecine et en agriculture sont défaillants. Les plans nationaux auront donc pour mission de les renforcer, tout en réglementant l’usage de ces médicaments si précieux.

Mais surveillance et restriction de prescription ne suffiront pas à enrayer le phénomène. Les Etats se sont engagés à promouvoir le bon usage des antibiotiques, encourager la recherche d’alternatives innovantes à ces molécules et le développement des tests rapides de diagnostic. Des financements seront alors indispensables pour accélérer la recherche dans ce domaine.

Pour le Dr Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, cet accord international est une avancée mais il faut maintenant qu’elle se traduise en actes. « Les engagements pris aujourd’hui doivent être concrétisés en actions rapides, efficaces et capables de sauver des vies dans les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale. Le temps presse », a-t-elle déclaré.


10 millions de morts en 2050

De fait ce fléau mondial qui s’annonce sera lourd de conséquences dans les années à venir. En 2050, l’antibiorésistance pourrait coûter la vie à 10 millions de personnes dans le monde, soit plus que le cancer. Elle pourrait plonger près de 28 millions de personnes dans la précarité et la pauvreté, a alerté la banque mondiale. Le développement de nombreux pays sera alors remis en cause et la sécurité sanitaire et sociale menacée.

« La résistance aux antibiotiques ne pose pas seulement problème dans nos hôpitaux, mais aussi dans nos fermes et notre alimentation, a affirmé José Graziano Da Silva, directeur général de la FAO. L’agriculture doit assumer sa part de responsabilité, en utilisant des antimicrobiens de manière plus responsable et en réduisant sa dépendance vis-à-vis d’eux, grâce à une bonne hygiène au sein des exploitations »

Les chefs d’Etat devront présenter un premier bilan de leur actions en septembre 2018 lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU.