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Problèmes psychologiques

Commotion cérébrale : les jeunes victimes d'effets à long terme

Par Julian Prial

Les jeunes victimes de commotions cérébrales sont plus susceptibles de connaître des problèmes psychologiques ou de comportement sur le long terme.

galkin57/epictura

A quelques jours de la rentrée scolaire, la Fédération Française d’Orthodontie (FFO) a alerté sur les conséquences potentielles de la pratique de sports violents (boxe, BMX, rugby) chez les jeunes.

On dénombre chaque année plusieurs milliers d’accidents impliquant des traumatismes de la face suite à la pratique d’un sport dit « extrême ». Les « dents de devant » sont particulièrement exposées. 

Mais la dentition des enfants n’est pas la seule à trinquer dans ces situations. Les commotions cérébrales,  dans le rugby, notamment, se multiplient ces derniers mois. Et une étude récente éclaire encore davantage sur l’onde de choc.

Des effets plus marqués selon la fréquence

Ces travaux publiés dans PLOS Medicine ont été menés sur 100 000 enfants et adolescents nés en Suède entre 1973 et 1985 ayant subi au moins un traumatisme cérébral avant l'âge de 25 ans.

Les chercheurs de l'université d'Oxford (Royaume-Uni) ont comparé ce groupe avec leurs frères et soeurs n'ayant pas été blessés, et les ont suivis jusqu'à l'âge de 41 ans en moyenne. « Nous avons découvert qu'un traumatisme cérébral dans l'enfance prédisait de manière assez constante un risque ultérieur de mortalité prématurée, d'internement ou de consultation psychiatrique, un plus bas niveau d'éducation ou le fait que la personne aura droit au versement de pensions d'invalidité », s’est inquiété auprès de l'AFP le Dr Seena Fazel, principal auteur de l’étude. Les effets étaient d'autant plus marqués pour ceux ayant subi des traumatismes lourds ou récurrents, et pour ceux blessés alors qu'ils étaient plus âgés », ajoute-t-il.

 

9 % des jeunes suédois touchés

Selon ses analyses basées sur les données de plus d'un million de personnes compilées sur les registres de la santé en Suède, environ 9 % des enfants et adolescents sont victimes d'une lésion cérébrale. Des chiffres inquiétants lorsqu’on sait qu’une autre étude, canadienne a récemment conclu que les traumatismes crâniens subis avant l'âge de 5 ans pourraient avoir un impact sur la qualité des interactions entre les enfants et leurs parents.

Même tendance dans une recherche américaine publiée en 2015 où des scientifiques avaient démontré que les commotions cérébrales auraient des conséquences importantes sur le long terme (anxiété, dépression, etc.)

Des résultats contestés

Pourtant, même si les preuves s'accumulent, une partie de la communauté scientifique reste sceptique. Dans un article accompagnant l'étude menée en Suède, les Drs Donald Redelmeier et Sheharyar Raza, du département de médecine de l'université de Toronto, écrivent que « la plupart des gens semblent se remettre complètement » des commotions cérébrales, et « n'ont pas d'effets à long terme ».

De plus, ils soulignent que le temps moyen durant lequel les chercheurs ont suivi ces jeunes suédois était de seulement huit ans, donc les effets à plus long terme d'une lésion cérébrale restent inconnus, précisent-ils. Le professeur émérite de neurologie à la London School of Medicine, Michael Swash, regrette lui « le manque de détails dans les blessures à la tête » subies par les personnes suivies. Il aurait aussi aimé en savoir plus sur les milieux sociaux-économiques des patients ou leurs antécédents psychiatriques familiaux.

Le Pr Huw Williams, associé de neuropsychologie à l'université d'Exeter (Royaume-Uni), n'en estime pas moins que les résultats de cette étude restent « très forts » et corroborent « ce qui commence à émerger de différents domaines (sports, crimes, santé mentale), à savoir que des lésions cérébrales sont problématiques à long terme ».