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Dans six hôpitaux du nord

Yémen : Médecins Sans Frontières évacue son personnel soignant

Par Suzanne Tellier

Après une succession de bombardements meurtriers visant des hôpitaux, MSF a décidé d’évacuer son personnel soignant de six établissements au nord du Yémen.

Les restes d'un hôpital bombardé, Saada, 27/10/2015 - AP/SIPA
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C’est le bombardement de trop. Médecins Sans Frontières (MSF) va évacuer son personnel des hôpitaux situés au nord du Yémen, dans les gouvernorats de Saada et Hajjah. Après de nouveaux bombardements meurtriers, l’ONG a en effet annoncé ce jeudi son retrait de six hôpitaux yéménites.

La dernière attaque date du 15 août. Les tirs ont détruit l’hôpital de Abs et provoqué la mort de 19 personnes ; 24 autres ont également été blessées. C’est la « quatrième attaque sur une structure de soins soutenue par MSF durant cette guerre. C’est aussi la plus meurtrière. Et d’innombrables attaques ont été perpétrées sur d’autres structures et services de soins », dénonce l’ONG dans un communiqué.
 

La coalition pointée du doigt

MSF a pourtant tout fait pour limiter ces attaques. Au cours des huit derniers mois, l’ONG « a rencontré des responsables de haut rang de la coalition, à deux reprises à Riyad, pour assurer une aide humanitaire et médicale à la population yéménite et pour obtenir l’assurance que les attaques sur les hôpitaux cesseraient. Or les bombardements aériens ont continué alors que MSF avait systématiquement communiqué aux parties au conflit les coordonnées GPS des hôpitaux où ses équipes travaillent », précise l’ONG.

En vain, donc. Le 6 août, les pourparlers de paix menés au Koweit entre la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite et les Houthis ont été suspendus. Depuis, « la coalition mène de nouveau une intense campagne aérienne dans le nord du Yémen » et elle ne semble pas épargner les hôpitaux.

La coalition arabe a immédiatement réagi à l’annonce de MSF, en essayant de retenir ses professionnels de santé qui travaillent dans les hôpitaux yéménites. « Nous voulons d'urgence des discussions avec MSF sur les moyens de redresser ensemble cette situation », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle appréciait le travail effectué par l’ONG « dans de difficiles conditions ».

"Plus possible de faire confiance"

Pas sûr que cela convainque MSF, qui avait déjà obtenu des garanties que les structures de soins qu’elle soutient seraient épargnées. « Puisqu’il n’est plus possible de faire confiance dans la capacité de la coalition à éviter des attaques meurtrières, MSF estime que les hôpitaux situés dans les gouvernorats de Saada et Hajjah n’offrent aucune sécurité aux patients et au personnel ».

« La décision d’évacuer le personnel, notamment des obstétriciens, des pédiatres, des chirurgiens et des urgentistes, n’est jamais prise à la légère, mais en l’absence d’assurances crédibles que les parties au conflit respecteront le statut protégé des structures de soins, du personnel soignant et des patients, il n’y a pas d’autres solutions », déplore l’ONG.

Les six établissements concernés par les évacuations sont les hôpitaux de Haydan, Razeh, Al Gamouri et Yasnim (gouvernorat de Saada) et les hôpitaux de Abs et Al Gamouri (gouvernorat de Hajjah). Le personnel local continuera de travailler dans ces centres, dans des conditions particulièrement difficiles. « Le fait que des personnels soignants, des malades et des blessés soient tués dans l’enceinte d’un hôpital en dit long sur la cruauté et l’inhumanité de cette guerre », qui dure depuis un an et demi dans le pays.