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Étude menée en Allemagne

Football féminin : les stéréotypes altèrent les performances

Par Julian Prial

Soumettre des joueuses de foot à un stéréotype négatif sur leurs capacités réduirait leur vitesse de dribble de manière significative, selon une nouvelle étude publiée en Allemagne.

natursports/epictura

Les femmes seraient inférieures aux hommes concernant la pratique du ballon rond. Ce préjugé misogine a la dent dure. Cela indépendamment des résultats sportifs. Des chercheurs allemands indiquent en effet qu'il sévit toujours chez eux alors que l'Allemagne est le seul pays où les deux sélections ont remporté la Coupe du monde (deux fois pour les femmes, contre quatre pour les hommes).

Pourtant, malgré cette réussite, ils déplorent qu'il y a toujours moins de couverture médiatique des matchs de foot féminin outre-Rhin. De plus, les salaires des joueuses allemandes restent encore nettement inférieurs à ceux de leurs homologues masculins. Quant aux préjugés, ils ne sont pas sans conséquences. Les soumettre à des joueuses de football réduirait leurs performances, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Psychology of Sport and Exercise.

 

Une vitesse de dribble réduite 

Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques de l'Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main (Allemagne) ont sélectionné 36 adolescentes jouant au soccer outre-Rhin. Ces volontaires prises au sein de trois clubs différents participaient à des compétitions tout au long de la saison. Dans ces travaux, les chercheurs ont demandé à un premier groupe de lire un article fictif sur l'infériorité féminine dans le football. L'autre groupe s'est lui intéressé à la popularité croissante du football dans le monde.

Puis les chercheurs ont comparé le temps mis par ces femmes pour terminer un exercice de dribble. Cela avant et après la lecture imposée. Et les résultats sont sans appel. Ils montrent que les femmes qui avaient lu l'article contenant des stéréotypes négatifs ont eu besoin de beaucoup plus de temps pour terminer la session. « Leur vitesse de dribble a été réduite de manière "significative" comparée aux autres joueuses », précise même l'équipe de scientifiques.

Mettre en place une intervention précoce 

Point intéressant de cette étude, les filles, qui se sentaient plus inquiètes après la lecture des stéréotypes, ont passé moins de temps sur l'exercice de dribble, souligne Johanna Hermann, co-auteure de l'étude. Les ressorts de ces résultats ne semblent donc pas liés à un manque de confiance. Peut-être faut-il aller chercher du côté de la nervosité qu'ont dû ressentir ces femmes en lisant ces articles...  

Ainsi, Johanna Hermann estime que « comme les joueuses sont influencées par les stéréotype négatifs dès leur adolescence, il faut mettre en place une intervention précoce. Cela semble important », martèle-t-elle. Elle conclut que « ce travail de pédagogie doit passer par des encouragements et des messages positifs auprès de ces populations, en espérant que cela incitera les femmes à pratiquer davantage le soccer ».

Espérons donc que Les Bleues qui vont s'envoler bientôt pour le Brésil (JO de Rio du 5-21 août)) ne se laisseront pas perturber par des lectures néfastes. En attendant, elles ont battu aisément la Chine samedi soir à Charléty (Paris) sur le score de 3 à 0.