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A compter du 11 juillet

Don du sang : les homosexuels soumis à un an d'abstinence

Par Audrey Vaugrente

L'interdiction est officiellement levée. Les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes peuvent donner leur sang à compter de ce 11 juillet.

weerapat/epictura

12 mois, sinon rien. Les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes (HSH) peuvent désormais donner leur sang. L’interdiction, en vigueur depuis 1983, est levée ce 11 juillet. Mais pour être éligibles, les candidats au don devront être abstinents depuis un an complet.

20 000 dons de plus

La modification du cadre légal survient à un moment clé. L’été est une période « traditionnellement » creuse pour l’Etablissement Français du Sang (EFS). Cette année encore, un appel aux dons est lancé sur les plages de France. D’ici la fin du mois d’août, 15 000 prélèvements seront nécessaires pour répondre aux besoins des hôpitaux.

En ouvrant la possibilité de donner aux homosexuels, bisexuels et autres HSH, l’EFS espère recruter 20 000 personnes de plus chaque année. Elles s’ajouteront aux 3 millions de dons recueillis. Pour y parvenir, le questionnaire médical a été modifié : il n’interroge plus sur l’orientation sexuelle mais sur les pratiques à risque. Les rapports sexuels entre hommes en font partie. En effet, 40 % des nouvelles contaminations par le VIH concernent des HSH.

Un manque de données

Afin de limiter les risques liés au don, l’EFS a fixé quelques restrictions aux hommes qui souhaiteront donner leur sang. Ils devront être abstinents depuis 12 mois s’ils veulent effectuer un don de sang total. « On n’a pas de projection statistique sur le niveau de risque résiduel de transmission du VIH par le don du sang avec des critères en dessous d’un an d’ajournement après le dernier rapport sexuel entre hommes », expliquait en novembre Coline Mey, chargée des nouvelles stratégies de santé à l’association AIDES, contactée par Pourquoidocteur.

Le don de plasma sera en revanche soumis aux mêmes conditions que pour les multi-partenaires : quatre mois d’abstinence sont demandés. Mais la situation pourra évoluer. Des études seront lancées prochainement. Elles permettront d’évaluer plus précisément le risque de don contaminé chez les donneurs HSH par rapport aux donneurs hétérosexuels. Car c’est la principale source de flou à ce jour, et c’est elle qui a incité les autorités sanitaires à imposer un an d’abstinence… contre l’avis des associations de défense de la communauté LGBT.