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Etude sur 81 femmes

Cancer du sein : un probiotique utile en prévention

Par Audrey Vaugrente

Certaines bactéries pourraient agir en prévention du cancer du sein, en régulant la croissance des cellules et en limitant les dommages subis par l’ADN.

9nong/epictura

Le rôle de la flore intestinale dans le bien-être digestif est bien connu. Mais ces bactéries ont un effet bénéfique sur la santé plus globale. Le sein est lui aussi concerné, à en croire une étude parue dans la revue Applied and Environmental Microbiology. Ses auteurs, de l'université de Western Ontario (London, Canada), mettent en évidence l’impact positif de deux « bonnes » bactéries en prévention du cancer du sein.

Les bactéries présentes dans le sein se répartissent en deux catégories : celles qui favorisent le développement d’une tumeur et celles qui contrôlent leur formation. Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les tissus mammaires de 58 femmes traitées chirurgicalement pour une tumeur bénigne (13) ou cancéreuse (45). Ils ont aussi récolté les échantillons de 23 femmes en bonne santé qui avaient subi un rétrécissement ou un élargissement de la poitrine.

Quatre bactéries

L’équipe a dans un premier temps séquencé l’ADN des tissus. Une fois les différentes bactéries identifiées, elles ont été mises en culture, afin de vérifier qu’elles étaient actives. Quatre d’entre elles ressortent particulièrement : Escherichia coli, Staphylococcus epidermis, Streptococcus thermophilus et Lactobacillus.

Les femmes qui souffrent de cancers du sein présentaient de plus hauts niveaux d’E. coli et de staphylocoques. Ces bactéries induisent des cassures double-brins de l’ADN. « Les cassures double-brins sont les types de dommages sur l’ADN les plus néfastes, et sont causées par des agents génotoxiques, des espèces réactives de l’oxygène, et des radiations ionisantes », rappellent les chercheurs. Le processus de réparation de ces dégâts est aléatoire et favorise le développement de cellules tumorales.

Des bactéries luttent

A l’inverse, les femmes dont le sein est sain possèdent plus de Lactobacillus et de Streptococcus. Ces bactéries ont des propriétés anti-cancérigènes, dans la mesure où elles contrôlent la croissance des tumeurs et neutralisent les espèces réactives de l’oxygène. Une carence favorise ainsi le cancer.

Les auteurs soulignent que le lait humain contient des bactéries bénéfiques. C’est cette observation qui les a poussés à lancer leurs travaux : ils souhaitaient savoir si certaines bactéries influençaient le développement d’une tumeur chez des femmes non allaitantes.

Les conclusions de cette publication semblent plaider en faveur de l’administration de probiotiques chez les femmes à haut risque de cancer. Chez l’animal, le recours au Lactobacillus sp a en tout cas montré un effet protecteur. Le traitement des femmes déjà porteuses d’une tumeur, en revanche, pourrait bien n’avoir aucun effet : la chute de bactéries bénéfices empêche la synergie.