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Améliorer la couverture vaccinale

Des drones pour distribuer des vaccins aux pays pauvres

Par Anne-Laure Lebrun

Grâce au drone, la couverture vaccinale des pays pauvres pourrait atteindre 96 %, soit presqu'autant qu'en France, contre 60 % aujourd'hui. 

alexsalcedo/epictura

La distribution de vaccins par drone dans les pays à faible et moyen revenus permettrait d’améliorer la couverture vaccinale des populations, suggère une étude américaine parue ce lundi dans la revue Vaccine.

« Ces pays ont de grandes difficultés pour apporter des vaccins vitaux capables de prévenir l’apparition d’une maladie et sauver des vies, relève le Pr Bruce Lee, directeur des opérations de recherche de l’International Vaccine Access Center et auteur de l’étude. Produire tous ces vaccins, c’est bien, mais si ceux-ci n’arrivent pas aux gens qui en ont le plus besoin, ils n’ont aucune valeur. Il y a donc un besoin urgent à trouver un nouveau moyen de distribution ».

De fait, dans les régions pauvres de la planète, la distribution des vaccins n’est pas de tout repos. Avant d’arriver dans les cliniques, ces produits font 2 à 4 escales dans des lieux de stockage en raison du manque de transports, d’équipements insuffisants. Une chaîne d’approvisionnement défaillante qui contribue à l’inégalité d’accès aux vaccins.
Résultat : près de 19 millions de nourrissons ne bénéficient pas des vaccins de base. Plus de la moitié d’entre eux vit en Afrique du Sud, Éthiopie, Inde, Indonésie, Iraq, Nigéria, Ouganda, Pakistan, Philippines et République démocratique du Congo, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).


96 % de la population vaccinée

Une équipe de l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg s’est alors penchée sur une alternative économique et innovante : le drone. D’après les chercheurs, cet objet volant permettrait de livrer rapidement et à moindre coût ces traitements car ils n’ont pas besoin d’emprunter les routes, souvent mal entretenues, et n’ont pas besoin de carburant pour fonctionner.

Mais tout cela restait une hypothèse à confirmer. Les chercheurs ont alors créé un modèle informatique pour comparer le coût de la distribution de produits pharmaceutiques par drone et le transport actuel combinant avions, camions et motos. Ils ont également pris en compte la démographie des régions concernées et l’état des routes.

Et leur modèle informatique est sans appel : le drone est l’alternative idéale. Grâce à ces appareils sans pilote, la couverture vaccinale pourrait atteindre 96 %, soit presqu’autant qu’en France. Une amélioration considérable puisqu’aujourd’hui, 60 % des populations des pays pauvres sont vaccinées.


Une alternative déjà utilisée

Toutefois, le drone a ses limites. Pour faire des économies, il devrait transporter au moins 4 litres de vaccins à chaque voyage. Or, il ne peut pas porter plus de 2 litres. En prenant en compte cette contrainte, un trajet coûterait près de 9 dollars et le coût annuel avoisinerait 60 000 dollars. « Supposons que les drones soient fiables et capables d’assurer le nombre de vols nécessaire, dans ce cas, ils seront moins chers que les moyens actuels, en particulier dans les régions reculées. Ils pourraient être particulièrement utiles lorsque la demande de vaccin est forte et urgente », explique le Pr Bruce Lee.

Les chercheurs reconnaissent toutefois que ces simulations informatiques doivent être validées par des tests en vie réelle. Des expérimentations qui ont déjà lieu dans la région rurale de Virgine (Etats-Unis) ainsi qu’au Bhoutan (Asie du Sud-Est) et Papouasie-Nouvelle-Guinée où des produits de santé sont distribués par drone, soulignent-ils. Courant 2016, le Rwanda, en partenariat avec l’entreprise UPS, devrait également utiliser ces objets volants pour transporter des vaccins, des antirétroviraux et des traitements contre le paludisme et la tuberculose, ainsi que des dons de sang.