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Aux États-Unis

Horaires décalés : les policiers plus agressifs

Par Caroline Delavault

Les policiers américains dont les horaires correspondent aux « trois-huit » adoptent des comportements plus violents que les autres.

Epictura/Konstantin32

Pour éviter qu’ils dérapent, laissez les dormir. Les heures fractionnées en trois huit n’arrangeraient pas les policiers américains. Selon les résultats d’une étude menée par les chercheurs de l’Académie américaine de la santé du sommeil et publiée dans la revue spécialisée Sleep, les officiers de police américains ayant des horaires variables seraient plus susceptibles d’adopter un comportement violent et plus à même d’employer la force sans raison évidente.
En cause : la fatigue provoquée par des horaires perpétuellement en décalage.. À l’inverse, les policiers travaillant de jour ou de nuit, avec des horaires qui ne varient que très peu, sont généralement plus coopératifs et moins tentés de faire appel à la force pour résoudre des conflits. 

Des attitudes plus agressives qui renforceraient la méfiance de la population envers sa police, conduisant parfois au dérapage et aux très controversées bavures policières. Pour éviter ces dernières, les chercheurs conseillent de revoir les horaires des fonctionnaires, et de respecter leur horloge biologique. 

Pour obtenir ces résultats, les auteurs de l’étude ont réuni cinquante officiers de police. Des expériences ont été menées en laboratoire. Une vingtaine de scénarios leur ont été présentés sous forme de vidéos. Les policiers ont dû détailler aux chercheurs quel aurait été leur choix en fonction de chaque situation. Les cas visionnés par les sondés illustraient des situations plus ou moins violentes. Entre deux séances, les policiers portaient au poignet un bracelet qui mesurait leur temps de sommeil et d’éveil. 

 

Éviter les dérapages 

« Nos résultats indiquent que les agents qui travaillent en respectant leur horloge biologique sont plus efficaces et calmes que les autres », souligne le professeur de criminologie Bryan Vila de l’université de Washington, principal auteur de l’étude. Les policiers qui dormaient à des heures  régulières prenaient des décisions plus raisonnables tandis que ceux pourvus d’un sommeil léger étaient prêts à faire usage de la force. « Prendre cela en considération permettrait aux policiers de travailler dans de meilleures conditions et d’éviter que les choses puissent déraper », conclut le Pr Vila. L’étude sera présentée en marge du trentième anniversaire de l’Associated Professional Sleep Society le 12 juin prochain à Denver (États-Unis). 

 

L’épuisement gagne les policiers français 

En France, depuis les attentats qui ont touchés la capitale, les policiers français n’ont jamais été aussi fatigués et ne comptent plus leurs heures. Une situation que déplore Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police à Pourquoidocteur. « L’horloge cyclique doit être rétablie. Les régimes en matière d’horaires imposés ces mois-derniers sont épuisants », dénonce t-il. Depuis janvier 2015, 122 000 policiers, gendarmes et militaires ont été mobilisés. « Quand nos collègues policiers enchaînent des heures sans se reposer, ils sont à fleur de peau et plus susceptibles », confie t-il. En janvier 2015, alors que des attentats frappaient la capitale, « À la BRI par exemple, (Brigade de Recherche et d’Intervention ndlr) les policiers ont finit dans des conditions psychologiques et physiques très difficiles. Sans avoir pu se reposer, ils ont dû reprendre leur travail le lendemain, dès 6h », raconte t-il. « Alors bien évidemment, on peut comprendre qu’ils puissent être exténués et donc, plus ou moins nerveux et impulsifs. », souligne Yves Lefebvre. Pour le syndicat, les règles européennes en matière de repos ne sont pas respectées. De plus, la perte de 10 000 effectifs policiers n’arrange rien, l’Unité SGP Police rappelle la nécessité de « redéfinir la mission des policiers en France ».