ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > AVC : savoir réagir vite face aux signes d'alerte

Urgence vitale

AVC : savoir réagir vite face aux signes d'alerte

Par Anne-Laure Lebrun

CHAMUSSY/SIPA

Toutes les 4 minutes, un Français est victime d'un AVC. Mais la moitié de la population ne sait pas reconnaître les signes de cette attaque cérébrale. 


L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une urgence absolue. Après l’apparition des symptômes, les neurologues ont seulement 4h30 pour trouver la cause et la traiter. L’enjeu est de taille : plus vite les médecins peuvent agir, moins les patients présenteront des séquelles. Mais encore faut-il que les victimes reconnaissent les signes et alertent les secours, ce qui n’est pas toujours le cas en France. « La prévention de l’AVC passe par une prise des conscience des symptômes et des risques encourus par le grand public », soulève le Pr Norbert Nighoghossian, chef de service de neurologie vasculaire aux Hospices civils de Lyon.

L’AVC est dû, pour une grande majorité des patients, à l’obstruction d’une artère cérébrale par un caillot de sang. On parle d’AVC ischémique. Pour moins d'un patient sur 10, l'AVC est de cause hémorragique. Dans un cas comme dans l'autre, instantanément, le cerveau n’est plus irrigué et oxygéné. L’arrêt brutal de l’afflux sanguin provoque alors une paralysie du visage, l'incapacité à bouger un membre, des difficulté à parler. Pour sensibiliser le grand public, des campagnes canadiennes et françaises ont résumé ces signes sous l'acronyme VITE signifiant Visage paralysé ou affaissé, Impossibilité de bouger un membre, Trouble de la parole, Extrême Urgence. Face à ces symptômes, un seul geste : appeler le 15. 


Ne pas se fier à la fugacité des signes

Un engourdissement ou une faiblesse d’une moitié du corps, un trouble de la vision ou de la marche ou un mal de tête soudain sont aussi des symptômes qui doivent faire penser à une attaque cérébrale. Si ces signes sont brefs et réversibles, ils peuvent annoncer un accident ischémique transitoire ou AIT. La fugacité des troubles n’est un rien rassurant puisqu’un quart des AIT sont suivis par un AVC dans les 3 mois qui viennent.  

Pour limiter la survenue des AVC, les experts pointent la nécessité de développer la prévention primaire et le dépistage des personnes à risques. « Il faut dépister les patients atteints d’hypertension artérielle et les traiter, prendre en charge le diabète et l’hypercholestérolémie. Il faut aussi lutter contre le tabagisme », décrit le spécialiste parisien.

 

Ecoutez...
Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’hôpital Bichat (AP-HP, Paris) : « Dès l’école primaire, on devrait avoir une heure de santé publique par semaine pour apprendre les signes de l’AVC. En une génération, on aura éduqué les enfants, et ils auront éduqué leurs parents. »

 

Les enfants sont aussi concernés

Bien qu’il soit plus fréquent chez les seniors, l’AVC peut survenir à tout moment de la vie. « Environ 30 000 personnes de 20 à 55 ans font un AVC chaque année en France », indique le Pr Pierre Amarenco. Cette proportion est en constante augmentation depuis plusieurs années. Pour alerter les jeunes, une infirmière de l’hôpital de Soissons, Marnia Mahboub, s’est associée au rappeur Sow Cräte pour écrire une chanson dans laquelle il décrit les signes et l’urgence de la prise en charge.

Les nourrissons et les enfants ne sont pas non plus épargnés. Entre 500 et 1 000 enfants sont victimes de cette attaque cérébrale par an, en raison d’une malformation cardiaque ou vasculaire, d’une maladie du sang comme la drépanocytose ou d’un traumatisme crânien. Si l’AVC pédiatrique est de mieux en mieux connu, il souffre tout de même d’un défaut de reconnaissance. Il faut en moyenne 24h pour poser le diagnostic, ce qui limite la mise en place d’un traitement précoce et favorise l’installation de séquelles sévères.