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Utilisation non-conforme

Cystite : l’ANSM alerte sur le mésusage de la nitrofurantoïne

Par Caroline Delavault

Indiquée dans le traitement des infections urinaires, la nitrofurantoïne ferait l’objet d’un mésusage conséquent. L’ANSM rappelle les bonnes pratiques.  

motolka/SIphotography
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La nitrofurantoïne constitue l'un des antibiotiques les plus efficaces dans le traitement des cystites. Néanmoins, uniquement indiqué chez la femme et la petite fille à partir de 6 ans, le médicament fait l’objet d’un mésusage sur lequel l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) tient à alerter. Plus de la moitié des prescriptions ne sont pas conformes aux indications. En 2005 déjà, une enquête nationale de pharmacovigilance avait rapporté des dérives et des utilisations non-conformes de la nitrofurantoïne en France. L’ANSM souhaite donc informer a nouveau sur les risques liés à son mésusage.

Comme le rappelle l'Agence, le traitement est réservé à quatre indications : pour les infections avérées, « en traitement curatif et non prophylactique », uniquement chez la femme et il doit être administré pour une durée relativement brève, entre cinq et sept jours. 
 

60 % des prescriptions non-conformes 

Entre 2012 et 2015, l’ANSM a mené une étude pour connaître les conditions d’utilisation de la nitrofurantoïne sur le territoire national. Une cohorte de près de 8000 patients ayant reçu le traitement a été analysée. Et le constat est quelque peu préoccupant puisque 60 % des prescriptions étaient non conformes aux indications. Par exemple, 15 % des prescriptions concernaient des hommes alors que le traitement n'est indiqué que chez la femme. De plus, censé être utilisé en dernier recours, la nitrofurantoïne serait prescrite en première intention. Initialement, le traitement doit être administré pour une durée maximale de sept jours. Néanmoins, comme le rapporte l’ANSM, ce dernier serait utilisé pour des périodes prolongées. 

Parmi les effets indésirables potentiels de l’antibiotique, l'ANSM rappelle que des cas rares mais graves d’atteintes pulmonaires et hépatiques ont été rapportés. 

 

 

Ecoutez...
Caroline Semaille, directrice de la direction des médicaments anti-infectieux à l'ANSM : « La nitrofurantoïne est un antibiotique avec lequel on ne rencontre pas de problème de résistance, donc on pourrait imaginer que les professionnels de santé soient tentés de les donner très vite »

 

L’ANSM fait une piqûre de rappel 

Face à ce constat, l’ANSM remet les pendules à l’heure et rappelle les conditions strictes dans lesquelles la nitrofurantoïne doit être administrée. En révisant notamment ses schémas posologiques : 300 mg par jour en trois prises chez la femme adulte et 5 à 7 mg en trois prises également chez la jeune fille et chez l’adolescente. L’ANSM ajoute également que les risques hépatiques et pulmonaires devront être précisés aux malades. De plus, pouvant être d’origine immuno-allergique, les risques liés à la réintroduction de l’antibiotique devront être expliqués aux patientes. L’ANSM termine en rappelant la nécessité de suivre, de manière accrue, les personnes âgées qui bénéficient du traitement.