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Antitussif et antihistaminique

Purple drank : l'ANSM s'inquiète de ce nouveau cocktail pour ados

Par Marion Guérin

Le « purple drank », boisson à base de deux médicaments détournés pour un usage récréatif, semble gagner en popularité dans l'Hexagone.

Le « purple drank » inquiète les autorités sanitaires françaises. Cette mixture, composée de deux médicaments - antitussif et antihistaminique - associés à un soda ou un jus, semble gagner en popularité dans les soirées festives, et particulièrement parmi les jeunes.

Disponibles sans ordonnance

L’ANSM émet ce jour un bulletin vigilance pour signaler une recrudescence d’abus observée au sein de ses réseaux. Deux molécules sont concernées : la codéine, opiacé que l’on trouve dans des sirops contre la toux d’intensité modérée à sévère, et la prométhazine  - un antihistaminique H1 indiqué dans les allergies et les insomnies occasionnelles. « Ces deux médicaments se présentent sous différentes formes utilisées pour la fabrication du "purple drank " : comprimé, sirop et solution buvable », précise l’agence.

Et ils sont faciles d’accès, disponibles sans ordonnance pour la plupart. Au sein du réseau territorial d’addictovigilance, les premiers signalements de mésusage remontent à 2013, explique l’ANSM. Les alertes se sont intensifiées, en provenance notamment des pharmacies qui ont constaté des achats suspects.

17 signalements en cinq ans 

On attribue cette tendance aux Etats-Unis, où la boisson aurait été élaborée pour la première fois dans les années 1990. En France, sa consommation ne semble pas massive, mais elle justifie une vigilance, selon l’ANSM qui a chargé le CEIP (Centre d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance) de Lille d’une enquête sur le « purple drank ». Les résultats ont été présentés en mars 2015.

Ils révèlent un phénomène effectivement marginal : entre 2009 et 2014, 17 signalements d’abus ou de mésusages ont été rapportés aux CEIP à travers le territoire. « Les types de mésusages rapportés étaient des abus simples sans hospitalisation (3 cas), des pharmacodépendances (2 cas), et des abus compliqués ayant mené à des hospitalisations (10 cas) », peut-on lire dans un compte-rendu de séance de l’ANSM. Les patients étaient très jeunes, 15 ans en moyenne.

Lors des hospitalisations pour mésusage de  ces deux médicaments, les symptômes présentés étaient des troubles de la vigilance, des crises convulsives chez un jeune homme sans antécédent, et des délires dans trois cas. Une seule notification rapportait une tachycardie légère à modérée. « Dans un cas, il a été nécessaire d’administrer un neuroleptique face à une agitation extrêmement importante. Les évolutions ont été favorables », précise encore le document.

Gain de popularité ?

Une donnée semble toutefois confirmer la popularité croissante de cette boisson en France. En 2015, entre janvier et août (soit 8 mois), 18 signalements d’abus et mésusages ont été répertoriés dans les centres. Soit davantage qu’en cinq ans - mais cette hausse peut aussi s’expliquer par une connaissance croissante du phénomène et un meilleur repérage.

L’ANSM a diffusé une « mise en garde » à destination des médecins, pharmaciens, professionnels exerçant auprès des jeunes, associations spécialisées dans la prévention de l’usage des drogues.