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Enquête Générations Futures

Pesticides agricoles : les riverains exposés aux perturbateurs endocriniens

Par Audrey Vaugrente

Exposées aux pesticides des exploitations viticoles ou arboricoles, les habitants respirent des poussières contenant 20 substances différentes.

Pieter van Marion/Flickr
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Trop de pesticides dans les maisons. Un logement proche d’une zone agricole sur deux est contaminé par plus de 18 substances. Ce chiffre alarmant émerge du dernier volet de l’enquête EXPPERT, menée par Générations Futures. L’association y livre une charge au vitriol contre les pesticides. Elle évoque notamment une « exposition chronique également très importante et simultanée à de multiples perturbateurs endocriniens ».

20 pesticides en moyenne

Dans le cadre de cette analyse, Générations Futures a prélevé des échantillons de poussière au sein de 22 foyers au cours du mois de juillet 2015 et de 5 foyers en janvier 2016. Tous étaient situés près de vignes, vergers, de grandes cultures ou un mélange de tous. Ces familles sont-elles exposées en permanence aux pesticides ? Cette exposition varie-t-elle en fonction des saisons ? Voilà les deux questions auxquelles devaient répondre les résultats. Ceux-ci font froid dans le dos.

« Les personnes vivant près des zones cultivées sont exposées chez elles toute l’année à un cocktail important de pesticides, dont de nombreux sont des perturbateurs endocriniens potentiels », résume François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. De fait, 20 pesticides sont détectés en moyenne sur les 61 testés. Trois d’entre eux sont présents dans l’intégralité des échantillons : la perméthrine, le tebuconazole, le dimethomoprh. Les habitations entourées de vignes sont les plus exposées en nombre de substances. La concentration diminue d'environ 30 % entre l’été – après les épandages – et l’hiver. Mais les substances ne disparaissent jamais vraiment. « Je n'imaginais pas être exposée toute l'année », soupire Marie, qui habite près d'un verger de pommiers au sud de Lyon.

Ecoutez...
Marie, riveraine d'un verger de pommiers, habitante d'une maison contaminée : « L'été, on se reçoit les pesticides quand on mange dehors, c'est comme une petite pluie fine qui tombe sur nos visages... »


L’agriculture en cause

L’analyse le confirme : c’est très probablement l’utilisation agricole des pesticides qui est à l’origine de cette pollution des logements. Presque tous les résidus proviennent de l’extérieur. Pour François Veillerette, la conclusion est claire : « Ce fait illustre l’urgence qu’il y a à modifier les pratiques agricoles et à faire en sorte qu’on interdise les pulvérisations des pesticides de synthèse à proximité des zones habitées. »

Il faut dire qu’en moyenne, 17,6 mg de pesticides sont retrouvés par kilogramme de poussière prélevé. Certains sont même interdits depuis plusieurs années, comme le diuron.
Générations Futures réclame une action plus ferme à l’échelle européenne, qui passe par l’interdiction des pesticides perturbateurs endocriniens et une meilleure protection des populations riveraines des exploitations. L’association demande aussi que l’élimination totale des PE en France devienne « un axe majeur de la politique de santé environnementale » du gouvernement.