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Cohorte de Framingham

Le risque de démence a diminué de 20 % depuis les années 50

Par Anne-Laure Lebrun

Une vaste étude franco-américaine suggère que le risque de démence, et de maladie d'Alzheimer, diminue chez les personnes âgées ayant un haut niveau d'études. 

Fred Zwicky/AP/SIPA

Certains cas de démence pourraient être évités ou retardés, suggère une étude franco-américaine publiée ce jeudi dans le New England Journal of Medicine. Cette bonne nouvelle pourrait donc contredire les prévisions pour les futures décennies qui estiment à 135 millions le nombre de personnes atteintes de démence dans le monde.

Ces travaux se sont appuyés sur l’une des plus grandes et plus anciennes cohortes, dite de Framingham. Dans cette petite ville non loin de Boston, les habitants volontaires et leur descendance sont suivis depuis 1947. L’objectif était d’évaluer l’effet du cholestérol sur les maladies cardiovasculaires comme l’accident vasculaire cérébral ou l’infarctus du myocarde. C’est à partir des années 1980 que les participants ont été surveillés, en continu, pour diagnostiquer l’apparition de démence.

Les chercheurs de l’université de Bordeaux/Inserm et de l’université de Boston ont étudié le taux d’apparition de nouveaux cas de démence en compilant les données de trois générations, soit plus de 5 200 personnes de plus de 60 ans. « Nous avons observé une baisse continue de l’ordre de 20 % depuis le début de l’étude, sans aucune différence hommes-femmes, indique Carole Dufouil, directeur de recherche Inserm à Bordeaux et co-auteur des travaux. Cela signifie que les participants vus dans les années 2000-2009 ont 20 % de risques en moins de souffrir de démence que ceux vus au début de l’étude. »


Plusieurs pistes d'explication

Mais à en croire cette étude, ce déclin a uniquement été observé chez les personnes ayant un niveau d’études élevé. Par ailleurs, « il était plus prononcé pour les démences vasculaires (30%) qui surviennent après un AVC. Nous avons tout de même noté une diminution de 10 % pour la maladie d’Alzheimer, ce qui n’est pas négligeable », ajoute la chercheuse.

Une tendance encourageante et porteuse d’espoir mais pour laquelle les chercheurs n’ont pour l'heure pas d'explication. « Nous avons seulement des pistes indirectes », explique Carol Dufouil, avant de poursuivre : « Il est possible que l’amélioration de la prise en charge des facteurs de risques vasculaires tels que le diabète, le cholestérol ou l’hypertension ait contribué à prévenir les démences vasculaires, mais aussi celle de type Alzheimer».

 

Ecoutez...
Carole Dufouil, directeur de recherche Inserm à Bordeaux : « Parallèlement, au cours de cette période, la prise en charge des facteurs de risques vasculaires s'est amélioré : l'hypertension, le diabète et le cholestérol sont mieux traités. »

 

L'importance de l'éducation

Autre hypothèse : le meilleur accès aux études supérieures permettrait d’éviter, ou de retarder la survenue de ces maladies. De fait, de nombreux travaux ont mis en évidence le rôle protecteur d’un haut niveau d’études. On suppose que les connexions neuronales sont plus nombreuses chez ces personnes, ce qui leur permet de mieux résister aux démences. « De toute façon, quelque soit la raison, le message clé de cette étude est que l’on peut prévenir la maladie d’Alzheimer. Elle montre que des nouveaux cas de la maladie d’Alzheimer ont été évités », insiste Carole Dufouil.

Pour la chercheuse, ces résultats suggèrent également la nécessité d’actualiser nos connaissances sur la maladie d’Alzheimer. « La part du vasculaire ne devrait pas être négligée car il semble être un levier d’action efficace », conclut la chercheuse.