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Vietnam – Germany Hospital

Greffe de tête : le Vietnam veut devenir pionnier

Par Julian Prial

Au Vietnam, le plus grand centre de chirurgie du pays (Hanoï) cherche des volontaires pour subir une transplantation de tête. Le directeur de l'hôpital attend de voir si la 1ère est un succès.

Le neurologue italien Sergio Canavero, Alessandro Di Marco/AP/SIPA
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En 2015, le neurologue italien Sergio Canavero a défrayé la chronique en annonçant son projet ambitieux d'effectuer la première greffe de tête humaine jamais réalisée. Aux dernières nouvelles, il avait besoin de 100 millions d'euros pour réaliser ce projet très controversé dans la communauté médicale.
Mais malgré les sceptiques, l'homme a déjà trouvé un premier patient volontaire, Valery Spiridonov, un Russe 30 ans atteint d’amyotrophie spinale. Et ce jeudi, ce médecin pas comme les autres a reçu de nouveaux soutiens.

Beaucoup de demandes au Vietnam

Lors d'un séminaire, Trinh Hong Son, directeur adjoint du Vietnam – Germany Hospital d'Hanoï, a en effet déclaré qu'il souhaitait amener cette chirurgie dans son pays. Seul préalable exigé pour ce directeur d'établissement, que la première opération prévue en 2017 soit couronnée de succès. 
Si tel est le cas, Trinh Hong Son propose à l'équipe chirurgicale menée par l'italien de réaliser des opération identiques dans son hôpital, avançant qu'il reçoit « beaucoup de demandes en ce sens », rapporte le journal en ligne International Business Times.

L'hôpital en question, qui est le plus grand centre de chirurgie du pays, serait même déjà parti à la recherche de volontaires aux corps paralysés, mais dont les cerveaux fonctionnent parfaitement. Pour résumer, l'homme offre les locaux, le matériel et un cadre serein à ces médecins décriés par leurs pairs.
Les critiques qui fusent concernent tant la faisabilité de l'opération que les questions d'éthique qui l'entourent. Un problème dont est conscient le chirurgien. « Que se passera-t-il si un vieux milliardaire en Chine réclame un nouveau corps ? Les médecins se serviront-ils dans les prisons chinoises comme cela a déjà été le cas lors de certains scandales de prélèvements forcés d'organes », s’interrogeait à ce titre Sergio Canavero il y a quelques années.

 

Les experts sceptiques

La chirurgie du Dr Canavero devrait faire appel à environ 150 médecins et infirmières. Et l'opération durerait environ deux jours. Précisément, la tête du receveur sera placée en hypothermie avant que les médecins ne la greffent sur le corps du donneur, puis reconnectent la moelle et les différents tissus. Si le patient survit à l'opération, il faudra ensuite qu'il entame une longue convalescence. La partie la plus difficile étant de reconstituer la continuité de la moelle épinière. Pour le neurologue, ce détail est maintenant réglé « grâce à l'utilisation de matériaux chimiques, qui permettent de rétablir les liens entre les fibres nerveuses », a-t-il détaillé dans le passé.  

Enfin, à la fin de l'opération, le patient devra rester dans le coma pendant environ un mois, pour empêcher tout mouvement. Mais une fois réveillé, le Dr Canavero pense qu'il sera en mesure de se déplacer, sentir son visage et parler avec sa propre voix. Il avance même que ces patients pourraient marcher correctement dans l'année suivant l'opération.
Interrogé par Pourquoidocteur en 2013, le Dr Marc Lévêque, neurochirurgien à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) pensait pour sa part qu'anastomoser « une moelle épinière reste pour l'heure infaisable ». Pour ce spécialiste, le discours de Sergio Canavero risque malheureusement de susciter de faux espoirs chez les para/tétraplégiques.