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Etude l'Ined

Le chômage retarde l'arrivée du premier enfant dans le couple

Par Julian Prial

En France, les couples ont moins l'intention d'avoir un premier enfant dans un avenir proche lorsqu'ils sont chômage. C'est ce que montre une étude de l'Ined.

Claude Paris/AP/SIPA

Malgré la crise économique et le chômage de masse (10,8 % en septembre), la fécondité française ne faiblit pas. En 2014, il fallait encore compter 1,98 enfant par femme en France métropolitaine. Un chiffre à peine en deçà de son niveau de 2008 (2,01). De là à dire que la chômage n'aurait aucun effet sur les comportements féconds, ils semble n'y avoir qu'un pas que ne franchit pas l'Ined (1) dans sa dernière publication.

Pas d'enfant pour les chômeurs...

L'enquête « Etude des relations familiales et intergénérationnelles » menée par Ariane Pailhé et Arnaud Régnier-Loilier, et publiée ce mercredi, dévoile, en effet, que le chômage retarde l'arrivée du premier enfant en France.
Pour les personnes sans enfant interrogées à plusieurs reprises (entre 2005 et 2011), être au chômage rime moins souvent avec un projet de fécondité à court terme, que chez les personnes ayant un emploi.
Ainsi, en 2005, 24 % des hommes et 38 % des femmes au chômage déclaraient souhaiter un premier enfant dans les trois ans contre respectivement 43 % et 53 % parmi les actifs occupés.

L'Ined explique que cette différence entre chômeurs et actifs tient pour beaucoup à leur situation conjugale : « les chômeurs sont proportionnellement moins nombreux à vivre en couple que les actifs occupés (14 % des hommes et 33 % des femmes, pour respectivement 38 % et 45 %).
Et, lorsqu’ils sont en couple, l’accès à un emploi stable pour l’un des deux conjoints au moins apparaît comme une condition nécessaire avant d’envisager de fonder une famille ». Bref, une situation compliquée pour envisager un avenir à trois...

... sauf pour les chômeurs déjà parents 

A contrario, ces chercheurs n'ont noté aucune différence significative entre chômeurs et actifs occupés pour les parents d’au moins un enfant. Ces derniers, plus âgés, étaient pour la plupart déjà en couple, et le conjoint pouvait occuper un emploi, « ce qui réduit l’incertitude par rapport à l’avenir », précise l'enquête de l'Ined.

Plus généralement, le chômage n’est pas de même nature selon le moment du cycle de vie : alors que les chômeurs sans enfant sont plus souvent des personnes n’ayant jamais travaillé, ceux avec enfant(s) ont généralement une expérience professionnelle. Cela leur ouvre bien souvent des droits aux allocations chômage « et rend le futur moins incertain », concluent les auteurs de ces travaux.

(1) Institut national d'études démographiques