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Etudes britanniques

Seniors : moins de dépendance, plus de handicaps légers

Par Léa Surugue

L'espérance de vie augmente, mais pas toujours en bonne santé. Si la dépendance et les problèmes cognitifs diminuent, les seniors souffrent plus de handicap léger.

GILE MICHEL/SIPA

Trois mois de vie gagné chaque année. C’est à ce rythme que l’espérance de vie augmente en France. D’après les données de l’INED, l’espérance de vie des femmes s’établit à 85,5 ans et à 79,3 ans pour les hommes, en 2014.

Mais le tableau n’est pas aussi rose qu’il n’y paraît. En effet, l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années de vie gagnées sans souffrir de maladies et de déclin cognitif liés à l’âge, stagne.

Deux études, menées en Angleterre à 20 ans d'intervalle, et publiées dans la revue scientifique The Lancet montrent qu’une tendance similaire se dessine Outre-Manche, avec quelques nuances, toutefois.

 

Plus de gênes au quotidien

Les chercheurs ont en effet mis en évidence que pour certains indicateurs de vie en bonne santé, des progrès significatifs ont été enregistrés entre 1991 et 2011, dates auxquelles ont été réalisés ces travaux.

Sur toute cette période, les hommes ont par exemple gagné en moyenne 4,5 années d’espérance de vie à 65 ans (3,6 années pour les femmes). Et, bonne nouvelle, ils ont gagné autant d’années de vie sans déclin cognitif lié à l’âge.

Cependant, les choses se gâtent lorsque l’on s’intéresse aux capacités fonctionnelles et au handicap chez ces personnes âgées. Si la proportion de handicaps lourds, entraînant des situations de dépendance, reculent, le handicap léger et les sensations de gênes au quotidien sont enregistrés de plus en plus souvent, à mesure que les individus avancent en âge.

Ces gênes fonctionnelles concernent par exemple des baisses de vision, des freins pour réaliser des activités au quotidien, des douleurs articulaires... Des situations parfois désagréables mais pas forcément invalidantes.

Cette tendance est également constatée en France par Emmanuelle Cambois, chercheuse à l’Ined. « On a une stagnation des années de vie sans limitations d'activités. Après 65 ans, on a de plus en plus de personnes exposées à de gênes fonctionnelles, mais cela ne veut pas forcément dire que cela entraîne des situations de dépendance », analyse t-elle.

 

Ecoutez...
Emmanuelle Cambois, chercheuse à l'INED: « On a une faible augmentation des années de vie sans limitations d'activités (...) Après 65 ans, on a de plus en plus de personnes exposées à de gênes fonctionnelles mais qui ne sont pas forcément liées à des situations de dépendance  ...»

 

 

Prévenir et adapter

Pour expliquer le recul des handicaps lourds, les auteurs vantent, dans leurs deux études, les progrès qui ont été faits dans la prise en charge des maladies cardiovasculaires, qui peuvent avoir des conséquences particulièrement invalidantes.

Pour Emmanuelle Cambois, il faut maintenant accentuer les efforts de prévention et surtout d'assistance aux seniors. Pour faire reculer les problèmes fonctionnels ressentis par de nombreuses personnes âgées, des aides techniques et des mesures d’accessibilités doivent selon elle être mises en place, afin d’adapter la société, et de faciliter le quotidien d'une population vieillissante.

Or, accompagner et mieux prendre en charge les problèmes fonctionnels liés à l’âge passe par un engagement actif des généralistes et des gériatres. La chercheuse estime que si les situations de dépendance sont aujourd’hui moins nombreuses, en France comme en Angleterre, c’est parce que ces médecins se sont justement déjà attachés à mieux les anticiper.

 

Ecoutez...
Emmanuelle Cambois : « On est dans une prise en charge qui permet de repousser les répercussions sur les activités des personnes avec des aides techniques, des accompagnements au quotidien...»

 

Des efforts à poursuivre donc pour s'assurer qu'augmentation de l'espérance de vie rime avec longévié en bonne santé.