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Demande de réparation

Mediator : 50 personnes se plaignent d'un "préjudice d'anxiété"

Par Antoine Costa

Cinquante personnes ayant pris du Mediator avant 2009 demandent au laboratoire Servier réparation au titre du préjudice d'anxiété. 

ESCHER/JDD/SIPA
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Elles ne sont pas malades mais elles craignent de le devenir, ce qui génère chez elles un sentiment d’angoisse. Cinquante personnes qui ont pris du Mediator et s’inquiètent des conséquences de leur ancien traitement demandent réparation devant la justice au titre de leur préjudice d'anxiété.

Ce groupe de plaignants sont représentés par trois avocats, qui réclament chacun 15 000 euros de provisions en procédure accélérée devant le juge des référés du tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Ils seront fixés sur leur sort le 28 janvier.

"Epée de Damoclès"

Utilisé par cinq millions de personnes, cet antidiabétique, largement détourné comme coupe-faim pendant plus de 30 ans et retiré du marché français en novembre 2009, est à l'origine de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) et de l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), une pathologie rare et actuellement incurable.

Ces personnes disent vivre depuis 2009 avec « une épée de Damoclès sur la tête » - une « angoisse » induite par l'exposition au risque mais aussi par la médiatisation du scandale sanitaire qui « permanente, réactivée par les contrôles médicaux auxquels elles doivent se soumettre », a expliqué à l’AFP Me Charles Joseph-Oudin, un de leurs avocats.

Pourtant, la littérature médicale suggère que le risque de valvulopathie disparait deux ans après l'arrêt du traitement. Mais une « incertitude » demeure au sujet de l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), selon les avocats des plaignants. « Il n'y aucune donnée scientifique disponible pour dire combien de temps après l'arrêt du traitement on est sauvé », relève ainsi Me Joseph-Oudin.

"Pas de preuves" selon Servier

À l'audience, le laboratoire Servier a vigoureusement contesté le bien-fondé de l'action des 50 demandeurs, arguant un risque « infinitésimal » au bout de deux ans. L’entreprise a ainsi mis en avant le fait que parmi les patients engagés dans un processus d'indemnisation, un seul s'est vu diagnostiquer une HTAP quatre ans après l'arrêt de son traitement au Mediator.

Par ailleurs, le laboratoire a mis en cause la réalité du préjudice, faute de « preuves » : « la quasi-totalité des demandeurs n'ont pas eu de suivi psychologique, seulement cinq ont consulté (...). Une simple crainte ou inquiétude ne suffit pas à caractériser une angoisse indemnisable », a argumenté Me Jacques-Antoine Robert, avant de demander une expertise à titre subsidiaire.

Le « préjudice d'anxiété » a été consacré en 2010 par la Cour de cassation et a donné lieu depuis à de nombreuses indemnisations, notamment dans le scandale de l'amiante.