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Etude de l'OMS

Antibiorésistance : les citoyens ignorent tout des dangers

Par Antoine Costa

Les populations à travers le monde ont des perceptions erronées de l'antibiorésistance, ce qui renforce la menace sanitaire. 

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

La résistance aux antibiotiques menace toutes les populations du monde. Et pourtant, l’ignorance liée aux causes de cette urgence sanitaire atteint des proportions planétaires. Tel est le constat d’une vaste étude menée par l’Organisation Mondiale de la Santé dans douze pays. 

Les auteurs de ces travaux ont ainsi interrogé 10 000 personnes sur leurs connaissances de l’antibiorésistance. Ils soulignent de très fortes lacunes dans les pratiques et dans la compréhension de ce phénomène, qui contribuent largement à le renforcer.

Antibiotiques et virus

En effet, si près des deux tiers des répondants (64%) estiment pouvoir être atteints, d’une manière ou d’une autre, par l’antibiorésistance, ils sont au moins autant à ignorer les raisons de cette menace.

« Par exemple, 64% des participants pensent que les antibiotiques peuvent être utilisés pour soigner des rhumes et des grippes, alors que ces traitements n’ont aucun impact sur les virus, souligne l’OMS dans un communiqué. Près d’un tiers (32%) des personnes pensent qu’elles doivent arrêter de prendre leurs antibiotiques lorsqu’elles se sentent mieux, plutôt que de continuer le traitement tout au long de sa durée de prescription ».

Consommation excessive

En fait, les sondés ont tendance à penser que l’antibiorésistance est liée, individuellement, à une consommation excessive d’antibiotiques au cours de sa vie. Ainsi, 44% croient que la résistance est liée à la régularité des traitements. « En fait, chacun peut être atteint d’une infection résistante aux antibiotiques, quel que soit l’âge ou le pays concerné ».

Par ailleurs, les trois quarts des personnes interrogées croient que c’est l’organisme (humain ou animal) qui devient résistant au traitement – alors que ce sont les bactéries. La propagation de ces bactéries ultrarésistantes est précisément la raison de cette menace, mais peu de répondants l’ont identifiée.

Optimisme malvenu

Enfin, plus de la moitié (57%) des sondés estiment qu’ils n’ont pas de rôle particulier à jouer pour limiter l’antibiorésistance ; près des deux tiers (64%) pensent que la communauté scientifique parviendra à bout de ce problème avant qu’il ne devienne trop sérieux. Des résultats qui laissent pour le moins perplexe…

Pour mettre fin à ce phénomène, l'OMS recommande de ne prendre des antibiotiques que s'ils ont été prescrits par un médecin, de toujours suivre jusqu'au bout le traitement prescrit même lorsque l'on se sent mieux, de ne jamais utiliser des antibiotiques restants d'une prescription précédente et de ne jamais partager des antibiotiques avec d'autres personnes.