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La chasse au mélanome

Par le Dr Jean-François Lemoine

Les dermatologues français, à l’initiative de leur syndicat, proposent tous les ans la journée de dépistage gratuit et anonyme des cancers et des lésions cancéreuses de la peau. Dépistage, car ces cancers se dépistent assez facilement par le simple examen visuel de notre peau à la recherche – en particulier, de grains de beauté suspects –. Gratuite, donc anonyme, cette opération efficace et intelligente aurait pu prendre le nom provocateur de « tous à poil », car c’est bien de cette façon que la bataille doit être menée, les cancers de la peau pouvant en effet par définition se nicher partout ! Et il est assez rare que les médecins, souvent débordés et pressés, prennent le temps d’examiner le patient dans sa nudité originelle. Près de 30 000 poussent chaque année la porte d’un dermatologue. Car ce dépistage, en plus d’être simple, est efficace. Les campagnes sauvent des vies. Je dis bien « sauvent », car le mélanome, c’est ainsi que l’on appelle ce cancer, est sans doute un des plus redoutables.
Insidieux, indolore, il est souvent trop tard lorsqu’il signale sa présence. La médecine bute encore sur un traitement réellement efficace. Elle ne peut compter que sur l’œil exercé des dermatologues pour anticiper le combat. Car pour un non professionnel, il est difficile, voire impossible de distinguer un banal grain de beauté d’un cancer de la peau. D’autant plus s’il se situe dans un endroit inaccessible comme le dos, ce qui est fréquent, ou sous un ongle de la main, ce qui est plus rare, mais pratiquement toujours ignoré.
En cas de suspicion, le dermatologue peut s’aider d’un dermatoscope, un petit appareil qui permet de mieux examiner la peau. Si le grain de beauté est suspect, il est alors possible, quelques jours plus tard, de l’enlever. En 30 minutes environ, sous anesthésie locale, souvent d’ailleurs dans son propre cabinet, ce spécialiste prélève ce qu’il faut considérer avant qu’il soit analysé, comme un grain de beauté suspect. Ce n’est qu’après cette analyse en laboratoire que l’on pourra décider que l’intervention était suffisante – ce qui arrive dans la majorité des cas – ou qu’il faut envisager un traitement plus large. A l’époque où l’on critique beaucoup les dermatologues pour les délais déraisonnables d’obtention de rendez-vous, il faut saluer cette initiative – rappelons-le, cruciale – gratuite et anonyme du dépistage.

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