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Stress, fatigue, burn-out...

Transports : quand les salariés y laissent leur santé

Par Julian Prial

Les "grands mobiles" transitent 2 h par jour dans un train ou un bus pour se rendre à leur travail.  En plus du stress et de la fatigue, ces voyageurs ont un taux de burn-out supérieur.

A. Gelebart / 20 MINUTES/SIPA
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Retard des trains, incivilités des voyageurs, rames de métro bondées, à Paris, les transports en commun peuvent parfois ressembler à un calvaire. Si bien que beaucoup de Parisiens se demandent souvent comment ils font pour supporter cela au quotidien.
Dans une étude menée à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), des chercheurs ont analysé la réalité de celles et ceux qui en bavent le plus. Ceux-là transitent 2 h par jour dans un train, un bus ou une voiture. Ce phénomène des « grands mobiles » a été scruté à la loupe pendant dix ans dans quatre pays, la Suisse, la France, l’Allemagne et l’Espagne.

15% des 25-54 ans sont des « grands mobiles »

Ce travail qui paraît ce lundi sous la forme de livre (1) est basé sur deux études, menées en 2007 et 2011, auprès de 7 000 actifs âgés de 25 à 54 ans. Premier constat, la grande mobilité pour motif professionnel est loin d’être anecdotique.
Entre 11 et 15 % des 25-54 ans actifs y sont confrontés.  L’Allemagne et la Suisse présentent les taux les plus élevés, en croissance entre 2007 et 2011. « Dans ces pays, la grande mobilité correspond le plus souvent à un choix, précise dans un communiqué de presse, Vincent Kaufmann, directeur du Laboratoire de sociologie urbaine (LASUR) de l'EPFL. Il est facilité par le fait que le système de transport très performant favorise d’autant les déplacements longs », rajoute-t-il.

Un moyen pour sortir du chômage

A contrario, en Espagne et en France, les longs temps de déplacement sont davantage subis et parfois sont la seule issue pour sortir du chômage. La crise bancaire et financière commencée en 2008 a visiblement laissé des traces. En Espagne, en 2011, un grand mobile sur deux l’est devenu pour échapper au chômage, contre 28 % en France, 22 % en Allemagne et 13 % en Suisse.

Par ailleurs, ces sociologues dressent des typologies de grands mobiles qui défient souvent les clichés. Ainsi, c’est en général un tremplin en Suisse et pour les femmes en France, mais davantage un signe de précarité en Espagne.
Enfin, le plus souvent, il ne s'agit pas des personnes à haut revenu et à niveau de formation élevé. Et à terme, la réussite professionnelle n’est pas forcément au rendez-vous. Pire encore, à l’heure de la facture, le prix social de la grande mobilité est désastreux.

Instabilité conjuguale, burn-out...

Ces sociologues le résument en deux expressions : « instabilité conjugale » et « plus faible fécondité ». Parmi les femmes interrogées qui n’ont jamais connu d’épisode de grande mobilité, 10 % n’ont pas eu d’enfant au moment de l’entretien. Elles sont 18 % parmi celles ayant connu une mobilité longue, 22 % parmi les pendulaires de longue durée et 23 % parmi celles qui ont vécu la grande mobilité en début de carrière.
S’ajoutent à ce constat, le stress, la fatigue et un « taux de burn-out supérieur aux autres salariés », précisent les sociologues. « L’épuisement professionnel entraîne d’ailleurs fréquemment une remise en question qui mène à la sortie de la grande mobilité », concluent-ils. On imagine que dans cette situation, il est plus difficle de trouver un job.

(1) « Grandes mobilités liées au travail, perspective européenne », par Emmanuel Ravalet, Stéphanie Vincent-Geslin, Vincent Kaufmann, Gil Viry, Yann Dubois, éditions Economica, octobre 2015.