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En Chine, en Inde, en Indonésie

La tuberculose a tué plus que le sida en 2014

Par Julian Prial

Avec 1,5 million de décès en 2014, la mortalité due à la tuberculose a baissé de moitié en 25 ans, d'après l'OMS. La plupart de ces décès auraient pu être évités, alerte-t-elle.

Martin Mejia/AP/SIPA
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La lutte contre la tuberculose a porté ses fruits ! Avec un taux de mortalité annuel qui a baissé de moitié depuis 1990, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se félicite. Une bonne nouvelle à relativiser toutefois, puisqu'avec 1,5 million de personnes mortes des suites de cette maladie en 2014, celle-ci a plus tué que le VIH (1,2 million de victimes). Et la plupart de ces décès auraient pu être évités, selon un rapport.

4 400 décès par jour 

Intitulé « Global Tuberculosis Report 2015 », ce rapport de l'OMS appelle « à combler les lacunes en matière de détection et de traitement, et à mettre au point de nouveaux outils diagnostiques, de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins ». 

« Malgré les acquis, les progrès accomplis contre la tuberculose sont loin de suffire », a déploré le Dr Mario Raviglione, directeur à l’OMS du Programme mondial de lutte contre la tuberculose. Nous sommes encore confrontés à 4 400 décès par jour, un chiffre inacceptable dans une ère où l’on peut diagnostiquer et guérir pratiquement tous les cas de tuberculose », a-t-il rappelé.
Pour l'OMS,  il s'agit  d'une « lacune importante ». Sur les 9,6 millions de personnes atteintes en 2014, seulement 6 millions de cas (62,5 %) ont été notifiés aux autorités nationales. Cela signifie que, dans le monde, plus d’un tiers des cas (37,5 %) n’ont pas été diagnostiqués ou n’ont pas été notifiés aux autorités nationales.

L'OMS explique dans un communiqué de presse que « l'une des principales raisons des lacunes au niveau de la détection et du traitement tient à un déficit majeur du financement ». Cette année, il se montait à 1,4 milliard de dollars sur les 8 milliards de dollars nécessaires pour une mise en œuvre totale des interventions. Un manque d'autant plus dommageable ue l'OMS a noté, en 2014, un total plus élevé de nouveaux cas de tuberculose (9,6 millions) que les années précédentes. 

« On retrouve cependant dans ce chiffre l’augmentation et l’amélioration des données nationales et des études approfondies, plutôt qu’une véritable augmentation de la propagation de la maladie », précise-t-elle.
Cependant, avec le sida, la tuberculose arrive toujours en tête des principales causes de mortalité dans le monde
La moitié des cas de tuberculose dans le monde (54 %) se sont produits en Chine, en Inde, en Indonésie, au Nigéria et au Pakistan. Enfin, parmi les nouveaux cas, on estime que 3,3 % ont une tuberculose multirésistante (tuberculose-MR), un niveau qui est demeuré inchangé ces dernières années.

La tuberculose en France
Même si elle ressurgit parfois dans des lieux accueillant des populations précaires, depuis plusieurs décennies, l’incidence de la tuberculose n'a cessé de décroître en France. Elle est passée de 30 000 cas en 1972 à environ 6 000 en 2005. Pour cette raison, en 2007, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France a préconisé la levée de l’obligation vaccinale contre la tuberculose en population générale.
La vaccination ciblée des enfants à risque élevé de tuberculose (1) reste cependant toujours recommandée. Pourquoi ? « En raison de la persistance dans certains groupes de population résidant en France d’une incidence élevée de tuberculose », soulignaient les auteurs du dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH)  sur le sujet.

(1) Enfants nés dans un pays de forte endémie tuberculeuse ; enfants dont au moins l’un des parents est originaire de l’un de ces pays ; enfants devant séjourner au moins un mois d’affilée dans l’un de ces pays ; enfants ayant des antécédents familiaux de tuberculose ; enfants résidant en Île-de-France ou en Guyane ; enfants dans toute situation jugée par le médecin à risque d’exposition au bacille de Koch, notamment ceux vivant dans des conditions de logement défavorables ou socio-économiques défavorables ou précaires ou en contact régulier avec des adultes originaires d’un pays de forte endémie.