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Principal syndicat de libéraux

Loi de santé : dialogue rompu entre les médecins et Marisol Touraine

Par Bruno Martrette

Marisol Touraine n'a pas participé aux universités d'été de la CSMF. Le principal syndicat de médecins libéraux y voit comme signe la fin du dialogue sur la Loi de santé examinée ce lundi au Sénat. 

Bruno Martrette, Pourquoidocteur

La CSMF (1) a réuni ses troupes ce week-end sur la presqu’île de Giens (Var) pour sa 21e université d'été (du 11-13 septembre). Le principal syndicat de médecins libéraux voulait profiter de cette occasion pour imposer à la ministre de la Santé une véritable épreuve de force et au moment où le Sénat examine son projet de loi.
Un rendez-vous manqué, puisque Marisol Touraine, qui était annoncée au programme, a tout simplement décliné l’invitation. Officiellement pour des raisons d’agenda et pour respecter « un principe de neutralité », du fait des prochaines élections professionnelles qui vont se dérouler en ligne jusqu'au 12 octobre. 

Une première depuis 21 ans 

Du côté de l'organisation de praticiens, on parle plutôt d’un « claquage de porte » la veille de l'évènement. Dans un communiqué de presse publié ce jeudi, le syndicat va même jusqu’à regretter les anciens locataires de l’avenue Duquesne (Paris 7e). « La CSMF a été la première organisation à créer la formule des universités d’été et nous avons coutume de convier le ou la ministre de la Santé en exercice, qui, depuis vingt ans, a toujours répondu positivement à l’invitation. Tous les ans, ils se sont succédés, de Philippe Douste-Blazy à Bernard Kouchner, de Roselyne Bachelot à Xavier Bertrand. »

Le communiqué de presse se poursuit et la plume devient acerbe : « Mais les temps changent, il est vrai. Les relations entre le gouvernement et les médecins libéraux se sont particulièrement tendues depuis plus d’un an, avec pour paroxysme la manifestation du 15 mars 2015 qui a vu près de 50 000 médecins défiler dans Paris (…). On savait la ministre sourde aux revendications des médecins ; on n’imaginait pas qu’elle craignait même de les rencontrer ! », est-il écrit.

La fin du dialogue avec les médecins

Pour Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, cet affront est tout simplement « le signe que le dialogue avec le ministère de la Santé est totalement rompu », a-t-il confié à Pourquoidocteur
Mais malgré cette politique ministérielle de la chaise vide, les 150 cadres confédéraux présents ne se disent en rien ébranlés. Pour ouvrir son université, Jean-Paul Ortiz a ainsi prononcé un discours véhément, justement contre la loi de santé de la ministre, « élaborée sans concertation préalable avec les médecins », a-t-il affirmé.
Sur le texte, il a épinglé pêle-mêle, comme à son habitude, le tiers payant généralisé (dispense d'avance des frais chez le médecin), les pleins pouvoirs qu’il donne aux ARS (2), et le recentrage du système vers l'hôpital. Côté propositions, il a logiquement appelé à effectuer « un véritable virage ambulatoire, autour du médecin de ville ».

« La CSMF considère que le gouvernement doit, pour atteindre les objectifs d'économies qu'il s'est fixés, procéder à la déshospitalisation du pays en donnant à la médecine libérale les moyens d'assumer le transfert des activités qui ne justifient pas, ou plus, d'être effectuées en milieu hospitalier », a-t-il rajouté à la tribune. Chiffres à l'appui, il a rappelé que le taux d'équipement des hôpitaux français est l'un des plus forts d'Europe : « 6,4 lits en France pour 1 000 habitants contre 4, 8 en moyenne dans les pays de l'OCDE, et 3 au Royaume-Uni », a-t-il précisé. 

 

(1) Confédération des Syndicats Médicaux Français

(2) Agences régionales de santé