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Après un procès long de 10 ans

Paul François : l'agriculteur qui a fait condamner Monsanto

Par Hugo Septier

Intoxiqué en 2004 par un pesticide produit par la firme Monsanto, l’ancien agriculteur Paul François obtient enfin gain de cause auprès de la cour d’appel de Lyon.

NOSSANT/SIPA
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Après dix longues années d’une bataille judiciaire acharnée, justice est enfin faite pour Paul François, cet agriculteur des Charentes intoxiqué par un pesticide à l’époque commercialisé par l’entreprise Monsanto (spécialisée dans les biotechnologies agricoles).
Dans un arrêt rendu ce jeudi, la cour d’appel de Lyon a reconnu la responsabilité du géant chimique américain, une décision qui induit le versement de dommages et intérêts à l’ancien agriculteur, mais surtout la reconnaissance officielle de sa maladie. Déjà en 2012, le tribunal avait en première instance condamné Monsanto, qui avait bien sûr fait appel de cette décision.

Céréalier à Bernac (Charente), Paul François avait été intoxiqué courant 2004 après avoir inhalé des vapeurs de Lasso, un pesticide depuis retiré de la vente, composé de plusieurs principes actifs dangereux pour la santé : l’alachlore, le monochlorobenzène et l’acétanilide.
Et les effets ont été dévastateurs sur l’agriculteur aujourd’hui âgé de 47 ans, atteint d’une maladie qui n’a pas encore de nom. Rencontré début 2015, il avait confié à Pourquoidocteur avoir « des taches au cerveau qui évoluent », avec pour conséquence des douleurs dans les jambes, les mains et des maux de tête qui nécessitent une hospitalisation.



Un pesticide maintenant interdit à la vente


Lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi à Paris et rapportée par quotidien Le Monde, Paul François estime que le rejet de l’appel de Monsanto est « une décision historique », estimant que « le pot de terre pouvait gagner contre le pot de fer ». « La reconnaissance de la responsabilité de Monsanto dans cette affaire est essentielle : les firmes qui mettent sur le marché ces produits doivent comprendre que, dorénavant, elles ne pourront plus se défausser de leurs responsabilités vis-à-vis des pouvoirs publics ou des utilisateurs », a-t-il ajouté.

Du côté de Monsanto, on essaie de dédramatiser la situation. En mai dernier, au moment de l’audience d’appel, les représentants du géant américain avaient assuré que leur produit n’était pas dangereux et que « les dommages invoqués n’existaient pas ». Toutefois, et c’est un signe qui ne trompe pas, le produit avait été retiré de la vente dans différents pays, dont le Canada, la Belgique et le Royaume-Uni. En France, il est interdit à la vente depuis 2007.