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En agissant sur le système immunitaire

Comment notre flore intestinale fait barrage aux allergies

Par Anne-Laure Lebrun

Des chercheurs français ont découvert comment le microbiote pouvait bloquer les allergies. Il agirait directement sur un type particulier de cellules immunitaires. 

ISOPIX/SIPA

Notre intestin abrite cent mille milliards de bactéries vivant en symbiose, formant un organe unique à chacun, le microbiote. Tout au long de la vie, il se modifie au gré de notre alimentation ou des traitements, comme les antibiotiques, qui en détruisent une partie.
L’altération de cet écosystème est connue pour favoriser le développement d’allergies, mais les mécanismes sous-jacents n’avaient pas été élucidés. C’est aujourd’hui chose faite grâce aux travaux de chercheurs français et japonais publiés ce jeudi dans le journal Science.

Les réactions allergiques sont directement liées à celles du système immunitaire. En présence d’un allergène comme le pollen, ce dernier déclenche une série de réactions pour l’éliminer, provoquant une inflammation très intense chez les personnes allergiques. Des études ont montré que des souris traitées par antibiotiques dès leur naissance développent plus d’allergies que les souris non traitées. Ainsi, lorsque le microbiote est intact, il est capable de bloquer les allergies.

Différents types de cellules immunitaires

Pour élucider le mécanisme d’action de la flore intestinale sur les globules blancs, l’équipe de Gérard Eberl, chef de l’unité Microenvironnement et Immunité à l’institut Pasteur, s’est penchée sur les différents mécanismes immunitaires mis en jeu lors d’une agression. En effet, selon le corps étranger, ce ne sont pas les mêmes cellules qui interviennent pour défendre l’organisme.
Si l’agresseur est une bactérie ou un champignon, ce sont des cellules dites de type 3 qui entrent en jeu. Dans le cas d’un ver parasite ou d’un allergène, qui sont des éléments plus gros, le système immunitaire envoie les cellules de type 2. Ce sont donc celles-ci qui provoquent l’allergie.

En étudiant des souris, les chercheurs se sont aperçus que les cellules immunitaires de type 3 bloquent l’action des cellules de type 2. L’allergène n’est donc pas détruit et aucune réaction allergique n’a lieu. Ces travaux suggèrent ainsi que le microbiote bloque indirectement les allergies en agissant sur les cellules de type 3. 

Stimuler les cellules de type 3

« Ces résultats expliquent que le moindre déséquilibre dans la diversité du microbiote peut provoquer une réponse exacerbée de l’immunité de type 2 qui protège contre les gros parasites, mais peut aussi se traduire en réponses allergiques », explique l’Institut Pasteur dans un communiqué.

Une observation qui offre de nouvelles pistes thérapeutiques. Pour soigner les allergies, des médicaments pourraient stimuler l’action des cellules de type 3 pour bloquer les cellules de type 2. Reste toutefois à explorer ce mécanisme chez l’homme.