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Avortement toujours interdit

IVG : des féministes livrent la Pologne en pilule par drone

Par Julian Prial

Comme l'avortement est toujours interdit en Pologne, sauf à de rares exceptions (viols, incestes), des féministes ont largué des pilules abortives au-dessus de la Pologne grâce à un drone.

WITT/SIPA

Utiliser des moyens modernes pour défendre les droits des femmes. C'est le coup magistral qu'ont réalisé ce samedi à 11H quatre associations féministes qui ont programmé le vol d'un petit drone chargé de pilules abortives. L'appareil est passé au-dessus du fleuve Oder qui délimite la frontière entre l'Allemagne et la Pologne. Les colis ont été au final réceptionnés par des activistes polonaises, raconte le site d'information Quartz (en anglais).

 

Une action légale

Pour ceux surpris par la méthode, il faut rappeler que l'avortement est toujours interdit en Pologne, sauf à de rares exceptions (viols, incestes). Et, même dans de telles situations, les médecins peuvent refuser de le pratiquer (clause de conscience).
Mais ici, comme le drone pesait moins de 5 kg, ne répondait pas à un but commercial et est resté à portée de vue de celui qui le pilote, l'action ne contrevenait ni à la loi allemande ni à la loi polonaise, expliquent les associations.

Elles se réjouissent par ailleurs que ce drone ait transporté des médicaments permettant à deux ou trois femmes d'interrompre leur grossesse. Pourtant, au-delà du fait de venir en aide à quelques femmes, l'action visait surtout à attirer l'attention sur « l'absurdité cruelle à laquelle sont livrées les femmes dans ce pays », a indiqué Sarah Diehl, co-organisatrice de l'action, au quotidien allemand die Tageszeitung.
Parmi les organisations impliquées on retrouve aussi Women on waves,  une association néerlandaise qui propose des avortements médicamenteux dans les eaux internationales, à proximité des pays qui l'interdisent.  

 

Certains pays développés trop restrictifs

C'est le cas donc de La Pologne, mais aussi de l'Irlande et Malte qui sont tous les trois les derniers pays européens où l'interruption de grossesse reste illégale. La preuve une fois de plus que les pays développés sur le plan économique ne le sont pas forcément sur celui des droits de la femme, comme l'a montré récemment une revue de la littérature publiée dans le Journal of Family Planning and Reproductive Health Care. Entre réticences des médecins, manque d’argent et attitude du personnel, les freins sont nombreux, d’après les 38 publications scrutées à la loupe par ces chercheurs australiens.