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Une échographie tous les 6 mois

Cancer du foie : dépister tôt pour guérir

Par Audrey Vaugrente

5 ans après le diagnostic d’un cancer du foie, 90 % des patients sont morts. Un mauvais pronostic surtout dû au dépistage tardif. Une campagne d’information est lancée à ce sujet.

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C’est le neuvième cancer le plus fréquent en France, avec plus de 6 800 personnes atteintes. Depuis les années 1980, les tumeurs ont bondi de 350 %. Mais le cancer du foie est encore mal connu. Les patients ignorent, par exemple, qu’il peut être dépisté tôt et qu’il se guérit bien lorsque la tumeur est encore petite. Pour alerter médecins et malades, l’Association française pour l’étude du foie (AFEF) et la Fédération SOS Hépatites ont organisé une table ronde à ce sujet. Le Pr Victor de Ledinghen, président de l’AFEF et chef du service d’hépatogastroentérologie et oncologie digestive au CHU de Bordeaux (Gironde), est un des co-organisateurs.

Le cancer du foie a fortement progressé depuis les années 1980. Comment expliquez-vous cette évolution ?

Victor de Ledinghen : C’est principalement dû à l’hépatite C et au fait que les gens contaminés par transfusion dans les années 1980 ont progressivement développé une cirrhose. La complication de la cirrhose, c’est le cancer. Il faut environ 20 ans pour développer une cirrhose, puis une dizaine d’années pour évoluer vers un cancer. On arrive dans les années maximales des cancers du foie dus à l’hépatite C.

Y a-t-il des profils à risque particuliers ?

Victor de Ledinghen : Le cancer du foie se développe sur cirrhose. Mais il y a plusieurs causes de cirrhose, dont l’hépatite C. En France, la principale cause, c’est l’alcool, les hépatites C et tous les patients qui ont du diabète ou sont en surpoids.

Seuls 6 % des patients sont encore en vie 10 ans après. Le dépistage est-il trop tardif ?

Victor de Ledinghen : Exactement. Le dépistage du cancer du foie chez les gens qui ont une cirrhose est mal fait en France, voire pas fait du tout. C’est tout simple : une échographie tous les six mois dès qu’on a une cirrhose. Mais les gens ne savent pas comment elle se passe. Ce n’est pas normal. Il faut vraiment que les médecins généralistes et les patients soient informés de la nécessité de cet examen.
Si vous avez un cancer du sein, sur 5 ans, vous avez 90 % de chances d’être en vie. Quand on vous diagnostique un cancer du foie, vous avez 90 % de risques d’être mort 5 ans plus tard. Simplement parce qu’il n’est pas diagnostiqué assez tôt.

Dépister plus tôt permet-il vraiment d’améliorer le pronostic ?

Victor de Ledinghen : Oui, puisqu’on découvre de toutes petites tumeurs. Et plus le cancer est petit, plus on guérit. Mais il faut le détecter tôt, qu’il soit petit. On le traite par chirurgie et par radiofréquence, c’est-à-dire qu’on brûle la tumeur par voie radiologique.
Pour cela, l’effort doit d’abord se faire auprès des médecins généralistes, pour qu’ils n’oublient pas de prescrire cet examen tous les six mois. Le deuxième volet de la campagne, c’est de responsabiliser les patients, qui doivent savoir qu’ils ont besoin de cet examen tous les six mois.

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