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Vaccination DTP

Pétition du Pr Joyeux : les spécialistes dénoncent les contre-vérités

Par Dilan Fadime Yavuz

Après la pétition du Pr Joyeux contre le Vaccin DTP et qui a recueilli plus de 500 000 signatures, les infectiologues réagissent vivement.

PJB/SIPA

La pétition du Pr Henri Joyeux, qui vise à protester contre le monopole de fait de l’Infanrix hexa, un vaccin combiné qui, à la vaccination obligatoire Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite adjoint une vaccination facultative (mais recommandée) contre trois autres maladies, n’en finit plus de faire réagir.
Après la ministre de la Santé, Marisol Touraine, la semaine dernière, c’est au tour du Groupe « Vaccination et Prévention » de la Société Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) de monter au front.
Dans un communiqué publié sur son site, ce mardi 2 juin, elle « entend corriger les approximations et les détournements qui figurent » dans la pétition.


Des pénuries préoccupantes

En reprenant point par point, les arguments du Pr Joyeux, qui sont d’après les infectiologues « une suite d’inexactitudes, voire de contre-vérités scientifiques », la SPILF dénonce la « façon indigne » avec laquelle la pétition joue « sur les interrogations et les émotions des parents ». Le chirurgien cancérologue au CHU de Montpellier et ancien président de l’association conservatrice Familles de France dénonçait, en effet, l’utilisation de vaccins hexavalent (Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche-Hib-Hépatite).

La SPILF rappelle ainsi qu’il est « nécessaire d’utiliser ce vaccin chez le nourrisson du fait de la pénurie actuelle en vaccin pentavelent (Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche-Hib), tétravalent (Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche), et trivalent (Diphtérie-Tétanos et Polio) ». En cause : une épidémie de coqueluche qui a entrainé une consommation rapide des stocks disponibles.

Aucune donnée scientifique

Les infectiologues expliquent que, contrairement à ce que le Pr Joyeux dénonce dans sa pétition, il n’existe pas de données scientifiques prouvant la toxicité des vaccins pour le cerveau (sclérose en plaque, Parkinson, Alzheimer) et les muscles (myofasciite à macrophages).
Sur le risque cancérigène, la SPILF admet que la forméldéhyde évoqué dans la pétition est « effectivement un produit reconnu comme cancérigène et irritant par l’ensemble des Etats (…). Cette toxicité apparaît pour des quantités plusieurs milliers de fois plus importante que les traces présentes dans le vaccin du fait de son mode de fabrication. Prétendre que ces quantités pourraient présenter un risque n'est basé sur aucune réalité scientifique », précise le communiqué.

La SPILF déclare également que même si les nourrissons ont peu de risques d’être exposés à l’hépatite B, le choix de la vaccination s’explique par le fait qu’il est nécessaire d’obtenir une couverture vaccinale maximale et le plus tôt possible afin de limiter « la circulation du virus ».
Les spécialistes estiment que « vacciner contre plusieurs maladies est un progrès ». D’après ces derniers, « ne pratiquer que les vaccins obligatoires, c'est mettre en danger les enfants en jouant sur les mots ».


Plus de 500 000 signatures

Dès son lancement, la pétition du Pr Joyeux a créé la polémique. Ses communications ont été vivement critiquées par les autorités sanitaires et les spécialistes de la santé. A l’heure actuelle, la pétition a recueilli un peu plus de 500 000 signatures. Entre plusieurs points de discussion, celui du prix du vaccin hexavalent, jusqu’à 7 fois plus cher que ceux en pénurie, est l’un des arguments les plus importants.

Par ailleurs, l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) a mis en place, depuis le mois de mai, une solution de remplacement au vaccin hexavalent. Le médecin peut alors commander, auprès du laboratoire Sanofi Pasteur MSD, un kit combiné DT-Vax + Imovax Polio fourni gratuitement, qui permet aux parents qui le souhaitent d’assurer la couverture vaccinale obligatoire sans vacciner contre des maladies supplémentaires.