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Inhibiteurs de calcium

Asthme : une piste pour traiter des millions de malades

Par Anne-Laure Lebrun

Les causes de l'asthme semblent avoir été élucidées. Une découverte qui ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. 

OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA
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Pour la première fois, des chercheurs ont identifié les causes de l’asthme et une nouvelle voie thérapeutique qui pourrait guérir complétement les malades. Ils ont publié leurs travaux ce mercredi dans la revue médicale Science Translational Medicine.

L'asthme touche plus 235 millions de personnes dans le monde. C'est la maladie chronique la plus courante chez les enfants, et à ce jour aucun médicament ne permet de la soigner. Les traitements prescrits aux malades permettent seulement de maîtriser la maladie et de soulager les symptômes. Mais pour prévenir les crises, les asthmatiques doivent éviter le plus possible les élements déclencheurs tels que les allergènes (acariens, pollens ou poils d’animaux), la fumée de tabac, les produits chimiques irritants ou encore la pollution.

Symptômes liés au calcium

En étudiant des souris et des tissus humains de personnes asthmatiques et en bonne santé, les chercheurs ont découvert que l’inflammation des bronches et l’irritation des muqueuses lors des crises d’asthme étaient liées au calcium, et en particulier aux récepteurs sensibles au calcium (CaSR) qui régulent la concentration de cet ion dans l’organisme.

Les chercheurs de l’Université de Cardiff, en collaboration avec le King's College de Londres, ont montré que ces récepteurs étaient surexprimés dans les muscles des voies aériennes des asthmatiques par rapport aux personnes non-malades. En se fixant sur le CaSR, le calcium entre dans les cellules musculaires et déclenche une cascade de réactions aboutissant aux crises d’asthme.                                                                                         

« Notre étude montre que les facteurs déclencheurs – allergène, pollution – relâchent des molécules qui activent les CaSR dans les tissus des voies respiratoires et conduisent aux symptômes de l’asthme. En utilisant des " calcilytics " par inhalation directement dans les poumons, nous avons montré qu’il était possible de désactiver les récepteurs au calcium et prévenir tous les symptômes », explique Daniela Riccardi, auteur principal de l’étude et professeur à l’Université de Cardiff. 

 

Un traitement dans cinq ans

Ainsi, les scientifiques suggèrent que bloquer ces récepteurs pourrait traiter l’asthme. Ils ont testé leur hypothèse chez la souris et ont noté une nette amélioration de l’inflammation et une diminution de l’obstruction bronchique. 

Les agents thérapeutiques utilisés, les calcityls, existent depuis plus de 15 ans. Ils avaient alors été développés pour traiter l’ostéoporose mais n'avaient pas donné les résultats escomptés. Les chercheurs expérimenteront ces traitements chez l’homme dans deux ans. « Si nous pouvons montrer que les calcilytics sont sûrs lorsqu’ils sont administrés directement dans les poumons des malades, alors nous pourrons traiter les asthmatiques et potentiellement empêcher la maladie d’ici cinq ans », conclut pleine d’espoir Daniela Riccardi.

Selon Paul Kemp, co-auteur de l’étude et professeur à l’Université de Cardiff, cette découverte ouvre des perspectives de traitements pour d’autres pathologies respiratoires comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou les bronchites chroniques.