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Publicité sur l'alcool : les alcoologues inquiets

Par Stéphany Gardier

     

La loi Evin, qui encadre notamment la publicité pour les boissons alcoolisées, aura 25 ans l'an prochain. Et d'ici il se pourrait bien qu'elle « s'assouplisse », fait pourtant rare quand les années s’accumulent mais rendu possible par le projet de loi de santé, dont l’examen commence ce mardi à l’Assemblée nationale.

 

En cause, un amendement déposé par le député PS Denys Robiliard, et validé par les députés de la commission des Affaires sociales. Au milieu des quelques 1760 autres amendements, et surtout noyé dans le battage généré par les articles sur la généralisation du tiers payant ou les mesures anti-tabac, cette initiative aurait presque pu passer inaperçue.

C’était sans compter sur la levée de boucliers d’associations et de sociétés savantes impliquées dans la prévention des risques liés à l’alcool et la prise en charge des dépendances qu’elle occasionne. Des protestations cependant restées sans effet, et surtout sans réponse. Avant le passage du texte de loi devant l’Assemblée, les « alcoologues » se remobilisent et ont décidé d’écrire directement au Président de la République, apprend-on dans Le Figaro.

 

L'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), la Fédération française d'alcoologie (FFA), la Société française d'alcoologie (SFA) et la Société française de santé publique (SFSP) soulignent dans leur courrier que « contrairement à ce que prétendent les défenseurs de l'amendement, la protection de la santé ne s'oppose pas à la viticulture, mais si cette disposition était votée, c'est l'ensemble de la population, et notamment les jeunes, qui serait exposé à une promotion sans limite en faveur de la consommation d'alcool. »

L'alcool tue près de 50 000 personnes par an en France, et la publicité a un impact majeur sur la consommation des plus jeunes, comme le soulignent régulièrement des études menées dans les pays où celle-ci est autorisée, aux Etats-Unis par exemple. Les signataires estiment donc assez paradoxal qu’un texte de loi qui vise à moderniser le système de santé français, fasse un tel pas en arrière en matière de prévention.

 

Du côté de la commission des Affaires sociales, on se défend de vouloir « assouplir l’encadrement de la publicité ». Les députés disent vouloir simplement redéfinir « le champ d’application de la loi », notamment concernant la presse œnologique et la promotion de l’œnotourisme, dont la liberté d'expression serait « entravée » par la loi Evin. Le vote de l'amendement par la commission avait d'ailleurs soulevé l'enthousiasme des représentants du monde viticole...

 

Première publication le 31 mars 2015