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QUESTION D'ACTU

Pr Philippe Halimi

Suicides à l'HEGP : des conditions de travail très difficiles

ENTRETIEN - Le suicide d’un infirmier à l'hôpital Georges-Pompidou relance la question des conditions de travail dans cet établissement marqué par un événement similaire récent.

Suicides à l'HEGP : des conditions de travail très difficiles DURAND FLORENCE/SIPA




Le 17 décembre 2015, le Pr Jean-Louis Mégnien, cardiologue à l’Hôpital Européen George Pompidou, se défenestrait du septième étage de son lieu de travail. L’enquête suggère que le médecin était victime de harcèlement, et pointe des problèmes de direction et de management des équipes, confirmant les témoignages de ses proches.

Un peu plus d'un an après, l’actualité se répète tristement. Un infirmier de l’hôpital a mis fin à ses jours dans des conditions similaires, par défenestration sur le site de l’hôpital. L’« affaire Mégnien » avait révélé une forme de maltraitance institutionnelle à l’hôpital et précipité la mise en place de mesures pour réduire les risques psychosociaux dans les établissements. Ce nouveau suicide relance la question de l’efficacité de ces mesures. Le Pr Philippe Halimi, chef du service radiologie à l’HEGP et président de l’Association Jean-Louis Mégnien, revient sur ce nouveau drame qui secoue l’hôpital parisien.

Y a-t-il des éléments indiquant que ce suicide est lié aux conditions de travail à l’HEGP ?

Pr Philippe Halimi : Il est encore difficile de répondre à cette question. Ce qu’on sait, c’est que cet infirmier s’est suicidé sur son lieu de travail. Il devait être de repos mais il est quand même venu cette nuit-là, il s’est habillé, a enfilé sa casaque, son pantalon, sa blouse, il a été en salle de détente quelques minutes avant de monter au huitième étage, à partir duquel, après avoir dévissé la sécurité d’une fenêtre, il s’est jeté.

Une enquête probablement extérieure va être menée – c’était l’une des demandes des syndicats – avec un audit réalisé par une société. Pour l’heure, ce qui ressort, c’est qu’il n’y a pas eu d’alerte de la part de ses collègues ou de l’encadrement vis-à-vis d’une éventuelle souffrance qu’il aurait pu ressentir. On sait que le contexte ambiant est très difficile pour le personnel hospitalier et paramédical, en particulier infirmier. Les syndicats dénoncent déjà depuis plusieurs mois des conditions de travail qui amènent les personnels à être en très grande souffrance. De là à établir un lien de cause à effet, on ne peut pas le faire, mais le fait qu’il se soit suicidé depuis son lieu de travail trouble bien sûr tout le monde.

Retrouvez l'intégralité de l'interview du Pr Philippe Halimi :


Ces conditions de travail ont été dénoncées à plusieurs reprises, y compris en dehors de l’HEGP…

Pr Philippe Halimi : Oui, mais elles sont particulièrement dures à l’HEGP. Au niveau de l’association, nous dénonçons la gouvernance de cet hôpital depuis plusieurs mois. Il y a un climat avec une direction très clivante et des mesures extrêmement sévères en terme de restrictions de postes, qui sont très mal vécues par le personnel soignant.

Les syndicats dénoncent depuis quelques temps les restrictions de personnel qui touchent tous azimuts tous les services, et qui concerne également le service médecine interne où l’infirmier décédé travaillait souvent. Pour autant, on n’a pas assez d’éléments pour analyser de manière fine les raisons de son geste.


Les mesures mises en place au lendemain du suicide du Pr Mégnien sont-elles cosmétiques ?

Pr Philippe Halimi : Ce qui est sûr c’est que le siège de l’AP-HP a pris la mesure de ce qui s’était passé avec le suicide de Jean-Mouis Mégnien, mais comme toujours, on constate un certain nombre de suicides, puis une commission analyse ces suicides, un siège CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire est organisé, mais, malheureusement, les suicides du personnel soignant se poursuivent.

La ministre de la Santé a pris des mesures, la première étant de créer une médiation nationale avec un médiateur, Edouard Couty, qui envisage de constituer un vivier de médiateurs régionaux et qui va probablement être à l’origine d’un observatoire sur les risques psychosociaux à l’hôpital, non seulement pour les médecins mais aussi pour tous les personnels soignants. On s’installe donc dans la durée, avec des médiations qui seront, on l’espère, contradictoires, transparentes, rapides, honnêtes et qui permettraient d’éviter la chronicisation de ces affaires de harcèlement et de maltraitance dont certaines aboutissent malheureusement à des suicides.

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