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QUESTION D'ACTU

Pr Michel Reynaud

Le Baclofène «n’est pas un médicament miracle»

ENTRETIEN – Plusieurs travaux montrent une efficacité du Baclofène dans la réduction de la consommation d’alcool chez les personnes dépendantes. Le Pr Reynaud a mené l’une des études.

Le Baclofène \ Serge Pouzer/SIPA




Les résultats préliminaires de quatre études sur le Baclofène ont été présentés ce week-end lors du congrès mondial d’addictologie. Ils montrent une forme d’efficacité de la molécule dans le traitement de la dépendance à l’alcool, et confirment les espoirs qu’a suscités ce médicament depuis sa Recommandation d’Usage Temporaire (RTU), qui a permis sa délivrance dans un cadre restreint.

L’étude Alpadir, promue par le laboratoire Ethypharm et dirigée par le Pr Michel Reynaud, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse, a été menée sur 320 patients. Les travaux, randomisés et en double aveugle, présentent un suivi sur environ cinq mois de traitement.

Ils révèlent une efficacité du Baclofène dans la réduction de la consommation d’alcool par rapport au groupe placébo (consommation stabilisée à quatre verres quotidien sous Baclofène contre cinq avec le placébo). En revanche, pour le sevrage, le Baclofène ne montre pas d’efficacité. Le Pr Reynaud revient sur les éléments de son étude et sur la portée de ces résultats.

 

Les travaux montrent une légère efficacité par rapport au placebo...

Pr Michel Reynaud : Effectivement, ce n’est pas le médicament miracle que beaucoup décrivent. Mais c’est un plus qui nous permettra d’enrichir l’arsenal thérapeutique. L’étude a montré une amélioration générale de plusieurs facteurs chez les personnes traitées : diminution de la consommation massive d’alcool et du craving, réduction des symptômes anxieux et dépressifs, amélioration de la qualité de vie…

 

Ecoutez...
Michel Reynaud, addictologue : « Dans la population à haut et très haut risque, qui était à 12 verres vous avez une diminution 3 verres avec le Baclofène... »

Même si la réduction de la consommation est à la limite par rapport au placebo, de l’ordre de 0,008 %, il s’agit d’un élément solide pour démontrer l’efficacité du Baclofène dans le traitement de la dépendance. Il n’existe pas encore d’études comparatives avec les thérapies existantes, mais l’efficacité semble se rapprocher de celle du nalméfène (vendu sous le nom de Selincro).
 

Des inquiétudes demeurent au sujet des effets secondaires...

Pr Michel Reynaud : Peu, mais il faut souligner que la population a été sélectionnée selon des critères très stricts. Les patients n’avaient pas de troubles psychiatriques ni de comorbidités. Nous avons pu observer quelques effets secondaires connus (somnolence, anxiété, troubles du sommeil, vertiges…) mais ils sont relativement rares. Par ailleurs, ces symptômes sont aussi apparus chez le groupe qui a reçu le placebo.

De fait, le Baclofène jouit d’une réputation telle que l’effet placebo a été très fort. Au début des travaux, certains pensaient qu’il serait impossible de comparer l’efficacité du médicament avec un groupe placébo, puisque les patients ressentant toujours un manque réaliseraient tout de suite qu’ils n’avaient pas eu le principe actif. Ça n’a pas été le cas.

Dans l’étude Bacloville de l’AP-HP, la cohorte a été sélectionnée selon des critères beaucoup plus larges. De fait, les chercheurs ont observé plus de problèmes vis-à-vis des effets secondaires. Il y a encore des points à éclaircir vis-à-vis du Baclofène, notamment sur son innocuité et ses effets secondaires.


A quelles doses le traitement a-t-il été efficace sur la cohorte que vous suivez ?

Pr Michel Reynaud : Cela dépend vraiment des patients. La dose cible était de 180 mg, avec une montée progressive et une stabilisation lors d’apparition d’effets secondaires. Environ 70 % des patients de la cohorte ont reçu 180 mg. Le dosage moyen était de 153 mg. A 90 mg, en tout cas, on n’observe pas d’effets secondaires.

La posologie est l’autre grande question à laquelle il faudra répondre avant l’enregistrement d’une Autorisation de Mise sur le Marché. Il faudra également trouver une méthodologie pour identifier le bon dosage, et mettre au point des recommandations de manipulation du produit.

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