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Douleur antérieure du genou

Douleur antérieure du genou : rechercher un syndrome fémoro-patellaire

La douleur antérieure du genou évoque en premier lieu une souffrance de la rotule chez l’adulte (« syndrome fémoro-patellaire ») et une inflammation de l’insertion du tendon de la rotule sur le tibia ou « apohysite de croissance de la tubérosité antérieure du tibia » (« maladie d’Osgood-Schlatter ») chez l’enfant. Mais cela peut être une simple bursite, une tendinite et même un problème intra-articulaire.

Iurii Maksymiv/iStock
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A quoi sont dues les douleurs antérieures du genou en contexte traumatique ?

A la suite d’un choc direct sur le genou, il peut s’agir d’une « bursite rotulienne » avec gonflement d’une zone circonscrite à la face antérieure de la rotule, ou d’une « chondropathie post-traumatique » du cartilage de la face postérieure de la rotule : le gonflement est plus diffus et concerne toute l’articulation. Dans ces 2 cas, la douleur est électivement déclenchée par la mobilisation manuelle de la rotule.

Dans certains cas de traumatisme important, il est possible d’observer des ruptures traumatiques du tendon du muscle de la cuisse ou un claquage de ce muscle, voire une fracture-arrachement de la rotule. 

En cas de gonflement associé à une entorse de l’articulation du genou, il ne faut pas hésiter à rechercher une rupture d’un ou plusieurs ligaments croisés du genou et des lésions des ménisques par des manœuvres spécifiques.

Il est possible d’observer des fractures-arrachement de la tubérosité antérieure du tibia où s’insère normalement le tendon rotulien.

A quoi sont dues les douleurs antérieures du genou en dehors de tout accident chez l’adulte ?

Chez l’adulte, sportif ou non, et l’adolescent jeune, il peut exister un « syndrome fémoropatellaire » avec une douleur antérieure du genou réveillée par la montée ou la descente des escaliers, la station assise prolongée ou la position accroupie. Il s’agit le plus souvent d’une douleur par hyperpression externe de la facette externe de la rotule qui peut s’accompagner d’une « instabilité rotulienne ». Le syndrome d’instabilité peut se manifester par des dérobements du genou imprévisibles, pouvant entrainer la chute, à la marche, à la course ou à la descente des escaliers. Parfois, il peut exister une luxation vraie et récidivante de la rotule à l’extérieur du genou dans certaines positions.

Chez la personne âgée, le syndrome fémoropatellaire non traité peut aboutir à une arthrose fémoropatellaire, c’est-à-dire une arthrose entre la rotule et le fémur. Il existe des douleurs à la descente et à la montée des escaliers, à l’accroupissement ou à la station assise prolongée (« signe du cinéma »). Il existe surtout une douleur à la mobilisation manuelle de la rotule de haut en bas sur le fémur (« signe du rabot »), ainsi qu’un épanchement de liquide dans l’articulation au moment des poussées.

Dans certains cas, un repli synovial interne, une « plica interne », peut être incriminé comme étant à l’origine de la douleur antérieure du genou si elle est interne. Bien qu’il existe différents types de plicas, à la partie antérieure ou supérieure du genou, ce sont plutôt les plicas internes qui sont à l’origine de douleurs internes du genou.

Si la douleur du genou à un horaire qui prédomine la nuit et le matin et s’améliore au cours de la journée, il ne faut pas hésiter à évoquer une maladie inflammatoire comme une polyarthrite rhumatoïde et surtout une spondylarthrite avec des douleurs d’insertion des tendons sur la rotule. En cas de fièvre, il faut penser à une infection de l’articulation.

Il existe de nombreuses tendinites de l’appareil extenseur du genou, qui correspondent à des lésions et des souffrances des tendons, en particulier chez le sportif où les contraintes de l’appareil extenseurs sont très importantes. Il existe ainsi des tendinites du tendon de la rotule (la plus fréquente des tendinites antérieures avec 90 % des cas). La douleur est haute, à l’insertion du tendon sur la pointe de la rotule, plus rarement à son insertion sur la tubérosité antérieure du tibia. Il s’agit d’une tendinite d’insertion avec des microfissures. La tendinite quadricipitale, plus rare, donne le même type de douleurs mais elle est alors située au-dessus de la rotule et plutôt en externe.

La souffrance des ailerons rotuliens, qui sont des petits tendons de stabilisation latérale de la rotule (internes et externes) sont souvent associés à un déséquilibre fémoropatellaire. La douleur siège le plus souvent sur l’aileron rotulien interne, à la face interne du condyle du fémur. 

La face antérieure du genou comporte également des bourses synoviales qui peuvent souffrir lors de frottements ou de chocs rotuliens. Apparaissent alors des inflammations de ces bourses, ou « bursites », avec un gonflement par du liquide synovial. On parle également « d’hygromas ». Ces bursites siègent principalement en avant de la rotule ou en avant du tendon rotulien. La tuméfaction est généralement mobilisable par rapport à la rotule ou au tendon. La complication est « l’hygroma calcifié » et il vaut mieux les ponctionner, voire les infiltrer, puis les protéger.

La graisse qui est située naturellement sous le tendon rotulien peut faire l’objet d’une douleur : il s’agit d’une inflammation de la boule de graisse physiologique sous le tendon rotulien (« maladie de Hoffa ») qui apparaît en raison d’écrasement répétés de la graisse sous le tendon extenseur chez les femmes jeunes. Une diminution de l’amplitude articulaire, une crépitation, un épanchement articulaire modéré et une tuméfaction péri-ligamentaire en regard du ligament patellaire peuvent être rencontrés. Le « test de Hoffa », réalisé sur une personne en décubitus dorsal, hanche et genou fléchis à 90°, consiste à provoquer une douleur à la palpation des bords interne et externe du ligament rotulien lors de l’extension du genou. 

L’IRM est l’examen de choix pour analyser la graisse de Hoffa. Les séquences standard (densité de proton avec saturation de la graisse et T1) sont suffisantes pour le diagnostic de maladie de Hoffa :  le signe le plus évocateur est la présence d’un œdème important du corps adipeux infra-patellaire associé à une zone fibreuse pouvant contenir des dépôts d’hémosidérine et des calcifications. Un traitement conservateur sera proposé en première intention à base de glace, de kinésithérapie (renforcement du quadriceps en particulier du muscle vaste médial), d’AINS par voie orale, plus ou moins associé à une immobilisation. Il peut être également proposé une infiltration de corticoïdes dans la graisse de Hoffa.

Enfin, il est possible d’observer une douleur à la partie supérieure de la face antéro-interne du tibia, soit sur l’interligne articulaire, soit juste sous le genou. Si le siège de la douleur est au niveau de l’interligne, il faut évoquer une lésion de la corne antérieure du ménisque interne. Si le siège de la douleur est sous l’interligne, il peut s’agir d’une « tendinite de la patte d’oie » qui correspond à l’insertion sur le tibia des tendons des muscles couturier, droit-interne et demi-tendineux. Ce diagnostic est souvent évoqué par excès du fait de la présence de douleurs sous-cutanées (« cellulagies »). Dans la souffrance de la patte d’oie, la douleur se réveille électivement en flexion-rotation interne contrariée du genou.

En cas de douleur à la partie supérieure de la face externe du genou, il faut évoquer une lésion du ménisque externe, voire un kyste du ménisque externe en cas de tuméfaction, ou une atteinte de l’articulation péronéo-tibiale supérieure ou une entorse de ligament latéral externe qui s’insère sur la tête du péroné. Chez un sportif, de type coureur de fond ou cycliste, une douleur externe au niveau latéral interne du genou (au-dessus des ménisques donc), peut être en rapport avec une irritation de la « bandelette ilio-tibiale », avec parfois une bursite associée, qui se produit par le frottement de la bandelette sur un genu varum (« jambes arquées ») et avec un tubercule osseux sus-condylien un peu saillant (« syndrome de l’essuie-glace »). L’examen retrouve la douleur à la palpation 3 cm au-dessus de l’interligne articulaire lors de la mise en extension passive, aux alentours de 30 % de flexion.

A quoi sont dues les douleurs antérieures du genou en dehors de tout accident chez l’enfant ?

Chez l’enfant, les douleurs antérieurs du genou peuvent être en rapport avec des anomalies de croissance des noyaux à partir desquels l’os se forme (« noyaux osseux »). 

Cela peut être une douleur de la pointe inférieure de la rotule à l’effort et régressant mal au repos chez l’enfant de 11 à 13 ans, ou « maladie de Sinding Larsen et Johansson ». Souvent déclenchée par des microtraumatismes au cours de la pratique intensive du sport (saut, football, patinage artistique…), la douleur s’accompagne d’un empâtement de la pointe de la rotule et d’une douleur aiguë à la palpation de la pointe de la rotule et qui est réveillée lors de la contraction isométrique et contre résistance manuelle du muscle de la cuisse, le quadriceps. 

Il peut également s’agir d’une fracture parcellaire ou d’une fracture arrachement de la tubérosité tibiale antérieure. 

De la même façon, le noyau de la tubérosité antérieure du tibia peut être remanié lors des surcharges liées à l’activité physique. Il s’agit le plus souvent d’une « apophysite de croissance », ou « maladie d’Osgood-Schlatter », avec une douleur chronique élective de la tubérosité antérieure, pouvant irradier vers le haut, majorée lors de l’extension contrariée du genou, la montée et la descente des escaliers, l’agenouillement et l’accroupissement. Les radiographies montrent un fractionnement de la tubérosité. Il peut également s’agir d’une fracture arrachement du noyau apophysaire.

Chez l’enfant, il existe des douleurs des cartilages de croissance (ou « cartilages de conjugaison ») à partir desquels se forment les os.