• CONTACT

MIEUX VIVRE

Prudence !

Le CBD, un vrai nouvel allié de nos routines bien-être et beauté ?

Depuis qu'il est autorisé à la vente en France, le CBD s'invite partout. Il est présent dans nos crèmes pour le visage, dans nos masques pour les cheveux mais se vend aussi sous forme d'huiles ou même en fleurs, à fumer. Certains en ventent les mérites thérapeutiques, d'autres en doutent : alors qu'en est-il réellement ?

Le CBD, un vrai nouvel allié de nos routines bien-être et beauté ? IRA_EVVA/iStock

  • Publié le 20.05.2021 à 09h00
  • |
  • |
  • |
  • |


Faites un tour au rayon hygiène corporel de votre supermarché, et jetez un œil aux shampoings : oui, vous avez bien vu, c’est effectivement une fleur de cannabis que vous distinguez sur cette bouteille… et une deuxième et encore une… Oui, elles sont partout. 

Et ça ne s’arrête pas aux shampoings et aux huiles à cheveux, le CBD, depuis qu’il est légal en France, se décline sous toutes les formes et inonde le marché. Vous n’avez qu’à taper “magasin de CBD à Paris” sur Google pour vous en rendre compte : chaque quartier ou presque semble avoir sa boutique, et même les bureaux de tabac s’y mettent.

Rue Tiquetonne, à Paris, un magasin spécialisé a ouvert ses portes en septembre dernier. Dans ce temple du cannabis, vous trouverez tout : des crèmes, des huiles de soin, des huiles culinaires, des tisanes, des produits alimentaires, des produits destinés à vos animaux de compagnie, de l’eau…. et des fleurs. A la manière d’un Coffee Shop qui serait niché dans une rue d’Amsterdam, de multiples variétés de fleurs de cannabis jonchent le comptoir de cette boutique parisienne. Ici, vous pouvez en effet acheter tout le nécessaire à fumer : grinder, feuilles, “toncar” et tutti quanti.

Tout est dans la nuance

Rassurez-vous, il existe une nuance importante : le cannabis que vous pouvez vous procurer rue Tiquetonne n’est bien évidemment pas le même que celui que vous trouverez aux Pays-Bas. La différence : il contient toujours moins de 0,2% de THC.

En outre, ce n’est pas le cannabis qui est interdit dans l’hexagone mais une de ses composantes, le THC. C’est ce psychotrope qui peut engendrer une addiction chez les fumeurs réguliers, celui-là même qui fait planer. Supprimez le THC, et le cannabis ne fait plus tourner la tête et n’occasionne plus non plus, selon les connaissances actuelles, d’addiction. C’est donc cette version du cannabis qui est autorisée à la vente en France. C’est elle que l’on appelle communément - et un peu par abus de langage - CBD. 

En effet, le produit que l’on achète en France n’est pas composé à 100% de CBD : il contient d’autres cannabinoïdes et un tout petit peu de THC. Pourquoi alors ne pas directement vendre du CBD pur demanderez vous ? “C’est dur d’avoir du CBD à 100%, sauf sous-forme de cristaux, et de toute façon c’est l’effet d’entourage qui fait que le produit fonctionne” explique Nadia Rasamoely, naturopathe et nutritherapeute à Biarrtiz. Comprenez : le CBD est efficace parce qu’il interagit avec d’autres substances. 

Mais efficace contre quoi ? A lire les nombreux articles à son sujet, on pourrait croire que le CBD marche pour (un peu) tout : lutter contre l’insomnie, diminuer les angoisses, faire disparaître les boutons, atténuer les douleurs chroniques, traiter l'eczéma, soulager les symptômes du psoriasis, réduire la couperose… Diverses études -souvent préliminaires et donc rarement réalisées sur l’homme- viennent prouver son utilité dans plusieurs de ces cas, mais ne vous trompez pas, ce n’est pas une substance magique. Tous vos problèmes ne vont pas disparaître subitement.

Ne croyez pas au miracle... 

C’est sur ce point que Nicolas Authier, psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie et directeur du projet d’expérimentation du cannabis thérapeutique met en garde : “Le CBD tel qui est vendu en France agit sur le système sérotoninergique, c’est-à-dire sur les récepteurs de sérotonine, comme le ferait un antidépresseur, ce qui explique son effet apaisant. Mais il faut user du même raisonnement que l’on applique aux médicaments en général, comme un anxiolytique qui ne résout pas les angoisses seul, le CBD n’est pas non plus une substance miracle”.

Miracle ou pas, le produit est très largement plébiscité par les personnes qui souffrent d’angoisses et d’insomnies. Une tendance qu’Alexandre, l’un des gérants de CBOOriginal, confirme : “La plupart des clients viennent acheter du cannabis pour mieux dormir et pour être plus relaxés”. Il poursuit, “ils sont de plus en plus nombreux à être envoyés ici par leur médecin” qui leur conseille donc des huiles de cannabis comme alternatives aux somnifères ou aux anxiolytiques. Oui, vous vous en doutez, rouler un joint, même sans THC, n’est pas très conseillé par les professionnels de la santé...

L’huile de CBD vendue en magasin est donc destinée, entre autres, à diminuer le stress et à faciliter le sommeil. Plutôt que de se l’appliquer sur la peau, comme on le ferait avec une huile de massage, il faut en déposer quelques gouttes sur sa langue. Une méthode qui, selon Nadia Rasamoely, fonctionne très bien. Les patients qu’elle a orientés vers le CBD ne lui ont fait que des retours positifs d’autant plus que, “sauf en cas d’interaction avec d’autres médicaments ou surdosage, il n’y a généralement pas d’effets secondaires et donc pas de risque” explique la naturopathe. “Il s’agit d’une plante médicinale ancestrale, j’exagère volontairement lorsque je dis ça, mais globalement c’est comme la mélisse ou la camomille, or on ne s’inquiète pas de potentiels effets secondaires lorsque l’on prend sa tisane du soir”, ajoute la thérapeute.  

Evitez l’automédication 

En revanche, à l’instar de Nicolas Authier, Nadia Rasamoely insiste elle aussi sur l’importance d’un accompagnement global : “Le CBD ne remplace pas une thérapie et c’est un point important à faire comprendre”. Le psychiatre et addictologue va, quant à lui, encore plus loin : “Lorsque l’on achète du CBD ou plutôt du cannabis en magasin il est vendu sans accompagnement or on ne résout pas ses problèmes en prenant quelque substance que ce soit : le principe est le même qu’avec un anxiolytique : ce n’est pas la solution à tout, un accompagnement thérapeutique encadré par un médecin reste toujours nécessaire”.  

De plus, le médecin poursuit : “le cannabidiole contrairement à ce que l’on peut entendre est bel et bien un psychotrope, c’est ce qui fait son intérêt, c’est pour cette raison qu’il fonctionne, mais ce n’est donc pas une substance anonyme”. Certes d’après les études préliminaires dont on dispose pour l’heure, les risques sont moindres mais ce n’est pas une raison pour en abuser ou carrément s’automédicamenter. 

Un business avant tout

Il ne faut pas non plus oublier que le CBD est un business. Et pas n’importe lequel : d’après Forbes le marché du CBD à l’échelle mondiale pourrait peser 23,7 milliards de dollars d’ici 2023. Dès lors, et comme le souligne Nicolas Authier, “le patient n’est pas au centre : selon l’endroit où l’on achète son CBD, sa qualité varie, or comme il y a peu de régulations on ne sait pas forcément ce qu’il y a dedans”. 

On peut donc, sans le savoir, acheter un produit de mauvaise qualité mais le prix, lui, risque de toujours être le même : élevé. Ainsi, c’est là un autre point d’accord entre Nicolas Authier et Nadia Rasamoely : le CBD est hors de prix. En fleur, un gramme vous coûtera rarement moins de 9 euros et en huile, alors là, c’est du délire. 

Plus la concentration de CBD augmente, et donc plus le produit est efficace, plus son prix s’envole. Au-dessus de 20% de CBD il faut aligner les billets : comptez plus de 100 euros pour 10ml d’huile à 25% de CBD … A ce rythme-là, vous avez intérêt à mieux dormir !

Vous aimez cet article ? Abonnez-vous à la newsletter !

EN DIRECT

LES MALADIES

J'AI MAL

Bras et mains Bras et mains Tête et cou Torse et haut du dos Jambes et pied

SYMPTÔMES