ACCUEIL > FÉMININ SANTÉ > Thérapie holistique : la thérapie du tout

Psychologie

Thérapie holistique : la thérapie du tout

Par Aude Solente

Frustrés par la médecine traditionnelle ou tout simplement en quête d’autre chose, de plus en plus de personnes se tournent aujourd’hui vers la thérapie holistique. Pourtant, si elle est indéniablement à la mode, elle paraît bien complexe à définir. Qu’entend-on vraiment par thérapie holistique ? Et à quoi ressemble précisément un suivi holistique ? Autant de questions dont peu semblent connaître les réponses et que l’on a posées à Michel Kremer, sophrologue, psychologue, énergéticien et thérapeute holistique.

Dikushin/ IStock

Mieux Vivre Santé - Si elle est dernièrement à la mode, de quoi parle-t-on véritablement lorsque l’on emploie le terme de thérapie holistique ?  En quoi se différencie-t-elle des autres médecines douces ?

Michel Kremer - La thérapie holistique est une approche thérapeutique qui prend en compte le tout. C’est-à-dire qu’elle s’intéresse à l’être humain dans son ensemble : son environnement, son mental, ses émotions, son énergie et son corps

Etant donné que les médecines douces ne sont pas conventionnées, il n’y a pas de normes et pas de définition partagée. Chacun met un peu ce qu’il veut dedans. Bien souvent, on les oppose à la médecine conventionnelle et la médecine médicamenteuse. En ce sens, au lieu de recommander des antibiotiques, la médecine douce oriente vers l'homéopathie et la naturopathie. 

De son côté, la thérapie holistique ne rejette pas dans son essence les moyens thérapeutiques. Ainsi, si le patient lors d’une crise d’anxiété éprouve, par exemple, le besoin de prendre un anxiolytique, ce besoin ne sera pas rejeté. Le thérapeute ne s’y opposera pas, et ne lui conseillera pas de remplacer le médicament par, par exemple, des huiles essentielles. En outre, en médecine holistique, on respecte les besoins de l’individu. Chacun utilise les outils qu’il juge nécessaire. La différence, c’est que la thérapie ne se concentre pas sur les symptômes, mais plutôt sur leurs causes

Si l’on prend l’exemple d’un patient souffrant de maux de tête, une fois la douleur apaisée, le thérapeute s’intéressera à ce qui l’a causé : l’individu vit-il une situation stressante mentalement ou émotionnellement ? 

En d’autres termes, on ne traite pas uniquement les symptômes physiques mais on cherche à comprendre la totalité du problème. Et c’est pour ça, qu’à mes yeux, médecine traditionnelle et médecine holistique sont tout à fait complémentaires. La médecine conventionnelle est nécessaire, on ne doit pas la rejeter. Certains le font, mais pour moi c’est une aberration puisque qui dit holistique dit “tout’”, or si l’on aide quelqu’un avec tous les outils qui sont à notre disposition, la médecine allopathique en fait partie. 

L’autre spécificité du suivi holistique, c’est que l’on remet le patient au centre. Il n’y pas de sachant : le patient a la solution et c’est au thérapeute de l’aider à la trouver, de lui donner les outils pour qu’il puisse répondre à sa problématique. 

On a tendance à penser que les thérapies holistiques sont censées être de courtes durées. Qu’en est-il réellement ? 

La thérapie holistique est effectivement une thérapie brève, ce n’est pas de la psychanalyse. Notre objectif à nous c’est de réussir à répondre à la demande du client en dix séances maximum. Au-delà de dix séances, il y a un problème : soit le patient n’est pas suivi par le bon thérapeute ; soit le client n’est pas prêt, ce qui arrive. Après, bien entendu, on peut garder les patients au-delà des dix séances, mais dans ce cas-là ce sera toujours pour résoudre d’autres problèmes. On établit alors des priorités, et lorsque la première est résolue, on passe aux autres. 

Cela étant dit, de manière générale, les différents problèmes sont souvent liés et lorsque que l’on résout le gros caillou, les autres se résorbent d’eux-mêmes. 

Il est indéniable que de plus en plus d’individus se tournent aujourd’hui vers la médecine holistique. Cependant, il y a-t-il des personnes qui sont plus susceptibles de s’y intéresser que d’autres ? 

On trouve divers profils. Premièrement, il y a ceux qui se tournent vers la thérapie holistique car ils ne se sentent pas suffisamment écoutés par la médecine conventionnelle. En médecine conventionnelle, l’individu vient avec un symptôme et le médecin prescrit une solution. Et lorsque le patient essaye d’échanger davantage, bien souvent, le médecin manque de temps : ce n’est généralement pas de sa faute, la médecine allopathique ne permet pas forcément de prendre le temps. Je me souviens d’un article qui, il y a deux ans, soulignait que l’Ordre des médecins se félicitait d’avoir demandé au corps médical d’écouter davantage les patients. Une réalité à la fois triste et drôle !

Deuxièmement, on reçoit également des personnes qui rejettent la médecine conventionnelle et qui voient, par conséquent, en la médecine holistique une alternative. Par exemple, ils s’opposent aux médicaments et cherchent des solutions autres comme les huiles essentielles ou l’homéopathie. Personnellement, encore une fois, je ne partage pas ce point de vue puisque, selon moi, les deux sont complémentaires. 

Troisièmement, on a également des patients qui viennent nous voir après avoir été suivis pendant des années en médecine conventionnelle. Généralement, ils se tournent vers nous car ils souffrent énormément et viennent en désespoir de cause, sans forcément y croire. C’est extrêmement difficile car ces patients, qui souffrent horriblement, attendent des solutions rapides, or résoudre un problème prend du temps.

Enfin, on voit aujourd’hui apparaître une nouvelle clientèle : des jeunes, généralement autour de la trentaine, qui viennent en quête de sens. A l’heure actuelle la majorité de mes patients entrent dans cette catégorie : ils se demandent à quoi ils servent, se posent des questions sur leurs choix, sur ce qu’est le bonheur…  Ils sont mal dans leur peau sans souffrir pour autant d’un gros problème et se tournent vers l’holistique en se disant qu’une approche globale pourra les aider à y voir plus clair.  

On a souvent l’image d’une thérapie holistique relativement mal perçue par la médecine traditionnelle. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ou les choses sont-elles en train de changer ? 

On ne peut pas faire de généralités. Le CHU de Rennes, par exemple, utilise l’hypnose pour les opérations chirurgicales des mains chez les enfants, depuis plus de vingt ans. A l’instar de ce qui se fait à Rennes, aujourd’hui le nombre d’opérations sous hypnose augmente constamment. Ce n’est pas conventionnel, on n’en fait pas ou peu la promotion, mais ça se développe beaucoup

Dans une même logique, de plus en plus de médecins se forment à la sophrologie ; d’autres envoient leurs patients victimes de stress et d’anxiété vers des sophrologues ; certains hôpitaux qui s’occupent des grands brûlés ont même recours à des coupeurs de feux… En d’autres termes, le recours aux médecines alternatives se multiplie mais se fait bien souvent, encore, de manière cachée.   

Mais, parce qu’il y a une véritable demande de la part des patients, les choses évoluent. De mon côté, je travaille souvent avec les psychologues ou psychiatres de mes patients. Ce ne sont pas forcément les professionnels de santé qui m'envoient leurs patients, mais lorsqu’une personne est suivie par un psychologue ou un psychiatre, je lui demande de me mettre en contact avec eux afin de m’assurer que mon approche ne vient pas en collusion avec la leur.  A mes yeux, il est important de travailler en collaboration afin d’aller dans le sens de la guérison du client. Pour moi, il n’y a pas de concurrence, tout doit s’aligner pour améliorer la problématique du patient.