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Mimétisme

Tel maître, tel chien ?

Par Aude Solente

"Tu ressembles fort à ton chien !". Nombreux sont les propriétaires canins qui ont déjà entendu une telle remarque. Qu'il s'agisse d'une ressemblance physique ou plutôt psychologique, l'idée reçue selon laquelle un maître et son chien ont forcément des points communs est très répandue. Mais s'agit-il d'une simple blague, ou le célèbre adage a-t-il une part de vérité ? Nicolas Tessier, éducateur et comportementaliste canin, nous aide à y voir plus clair.

Lucigerma / iStock

- Mieux Vivre Santé : On a tous déjà entendu l’expression “Tel maître, tel chien” et s’il elle paraît parfois un peu farfelue, n’a-t-elle pas un fond de vérité ?

Nicolas Tessier : Réfléchir à la part de vérité qui se cache derrière cette expression, est intéressant. Car, en effet, si elle ne s’applique ni à tous les maîtres, ni à tous les chiens, elle n’est pas non plus infondée.

S’il est vrai que chercher et trouver des points communs entre le propriétaire et son animal, autant sur le plan physique que sur le plan psychologique, est très humain, cela ne veut pas pour autant qu’il n’y en a aucun. 

En somme, même si encore une fois cela ne s'applique pas dans tous les cas, notre caractère façonne souvent le caractère de notre chien, et inversement. Il n’est donc pas rare d’observer des similarités physiques et plus largement, de caractère, entre un propriétaire et son chien. 

- Vous parlez de similarités physiques entre un propriétaire et son chien, est-ce à dire qu’on ne choisit pas son animal de compagnie au hasard ? 

Encore une fois, il ne faut pas dresser de généralités, mais il n’est pas rare que les futurs maîtres choisissent un chien qui leur ressemble. Pourquoi ? Parce qu’il y a globalement quatre raisons qui nous amènent à vouloir adopter un chien : le besoin de materner, le besoin de contrôle, le besoin de travail, et le dernier, le besoin d’image. C’est le dernier, le besoin d’image, qui peut nous pousser à choisir un chien qui nous ressemble.

Prenons un exemple, un ancien collègue avec qui j’ai effectué ma formation d’éducateur avait un chien-loup tchécoslovaque. Ici, le besoin d’image est fort : puisqu’il s’agissait de quelqu’un d’assez sauvage, de très nature, il avait choisi un chien qui lui ressemblait plutôt qu’un chihuahua, par exemple, avec lequel il aurait eu très peu de points communs. 

Plus largement, et plus encore plus peut-être que la ressemblance en elle-même, le chien est un prolongement de nous-même. En ce sens, on fait souvent attention à l’image qu’il renvoie. Par exemple, si on l’estime mal-éduqué, on aura facilement peur d’être jugé, non pas forcément en raison des bêtises faites par le chien mais plutôt, à cause de l’image qu’il renvoie de nous en société. 

- En ce sens, choisir un chien pure race, n’est-il pas révélateur d’un besoin d’image ? 

Je dirai que ça dépend. Bien souvent, les personnes qui préfèrent adopter un chien LOF le font avant tout pour des questions de problèmes de santé. Ils estiment que les chiens racés sont moins susceptibles d’avoir de lourds problèmes de santé.

Cela étant dit, si acheter un chien est une forme de consommation, choisir un chien LOF c’est, parfois, être soucieux de l’image que l’on souhaite renvoyer à la société. Ainsi, on sélectionne un chien de “qualité” un peu comme on achèterait un ordinateur cher et non pas un premier prix. On veut faire bonne impression. 

- Au-delà de la ressemblance physique, il y aurait bien souvent des traits de caractères communs entre un propriétaire et son chien. Comment ceux-ci s’illustrent-ils ? S’agit-il d’un mimétisme de la part de l’animal  ?

Là encore, ça n’est pas vrai pour tous les binômes maîtres/ chiens, mais je dirai que cette ressemblance est plus prononcée que la ressemblance physique

Premièrement, la plupart des propriétaires ne choisissent pas leur chien par hasard. Prenons l’exemple de l’un de mes clients : très sportif, il a choisi un berger australien, un chien très énergique, avec qui il peut faire du sport. Ici, il y a donc une synergie qui se met en place entre le maître et son chien, les deux se complémentent. 

Deuxièmement, il y a effectivement une sorte de mimétisme qui se met en place. Lorsque l’on passe beaucoup de temps avec une autre personne, on a tendance à adopter les mêmes expressions qu’elle, le même rire…, le chien en fait de même. Mais, c’est aussi valable dans l’autre sens. Comme je le disais plus haut, le propriétaire façonne son chien, mais le chien façonne aussi son propriétaire.

Je m’explique, avoir un chien nous pousse à nous organiser, à sortir d’avantage, à être plus actif. On a également tendance à changer de tempérament puisque le chien, de part son attitude, peut nous pousser à faire un certain nombre de concessions. De plus, il peut également nous amener à sortir de notre zone de confort, à évoluer, à changer de comportement. Par exemple, si l’on est plutôt casanier ou que l’on a peu d’amis, avoir un animal de compagnie nous obligera à sortir bien plus et souvent, à rencontrer des gens voire à nouer de nouvelles relations. 

En résumé, si l’adage “Tel maître, tel chien” n’est pas vrai dans tous les cas, il s'applique néanmoins à des nombreuses relations maître/ chien. Avoir un chien façonne notre quotidien, notre façon d’être et notre façon de voir la vie. On change donc au fur et à mesure, et parfois, on finit par lui ressembler et vice versa !