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Positivité

Psychologie : comment aider les jeunes Français à aller mieux ?

Par Mathilde Debry

Alors que le nombre de jeunes Français frappés par la dépression explose, Yannick Descharmes, psychologue et auteur du livre "Trouver son bonheur dans sa tête et dans son corps" (Enrick B.Editions), nous explique comment leur venir en aide.

jacoblund / istock.

- Mieux Vivre Santé : Selon un nouveau baromètre de Santé publique France, les jeunes sont les plus impactés par la détérioration de la santé psychologique des Français. Sont-ils une catégorie de la population particulièrement fragile mentalement ?

Yannick Descharmes - Oui, dans le sens où les mesures anti-coronavirus ont impacté le développement de leurs interactions sociales et de leurs expérimentations, des champs particulièrement importants lorsqu’on entre dans l’adolescence.

- Comment reconnaît-on un trouble dépressif chez eux ?

Les symptômes d’une dépression sont les mêmes chez les jeunes que chez les plus âgés : ralentissement général, troubles du sommeil, fatigue, perte de plaisir, difficultés à se lever le matin, repli social, absence d’envie, ruminations, idées suicidaires, dérèglement de l’alimentation, chute des résultats scolaires...

Ce qui est en revanche compliqué avec cette classe d’âge, c’est de dissocier les difficultés classiquement liées à l’adolescence (morosité, tristesse, interrogations existentielles, introspection, isolement, premier chagrin d’amour...) d’une véritable pathologie psychiatrique. Pour ce faire, il faut évaluer la durée des symptômes et l’importance de leur impact sur la vie quotidienne.

- Que peuvent-ils faire pour en sortir ?

Si les symptômes s’installent dans le temps et empêchent de vivre "normalement", il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant ou l’infirmière scolaire, qui orienteront si besoin vers un psychologue ou un psychiatre. Le but de nos séances sera alors de traiter les causes sous-jacentes du mal-être mental du jeune patient, sans forcément passer par une prescription d’antidépresseurs. La plupart du temps, la verbalisation des problèmes via une thérapie et la mise en place d’une nouvelle hygiène de vie (se lever plus tôt, manger à des heures régulières, faire du sport...) suffisent à retrouver la forme.

- Et que peut faire leur entourage ?

Les amis et les parents d’un jeune qui n’est pas bien dans sa peau ne doivent surtout pas endosser le rôle du psychologue : il faut être capable de transférer le traitement de cette peine au médecin.

En revanche, il faut essayer d’être présent, d’écouter, de proposer des sorties, de faire des activités, de donner de l’amour et de pousser à consulter si on sent que ça ne va pas.

- Que faire pour se prémunir de troubles dépressifs lorsqu'on a entre 10 et 25 ans ?

Il ne faut pas rester seul avec ses angoisses et ses difficultés mais en parler le plus possible avec son entourage, sans en avoir honte. La non verbalisation des problèmes personnels augmente les risques de l’installation d’une dépression durable et de l’intervention des urgences psychiatriques. 

- Y a-t-il des signaux d’alerte ?

Il ne faut pas sauter sur les jeunes dès qu’il y a un coup de moins bien. En revanche, la perturbation de la prise alimentaire, du sommeil, de l’apprentissage ou des divertissements doit éveiller la vigilance de la personne concernée et de ses proches. 

- Faudrait-il agir à un niveau plus sociétal pour aider les jeunes à aller mieux ?

Avec la mise en place de la première "journée nationale de la santé mentale positive", je milite pour que les Français adoptent la même exigence en bien-être psychologique qu’en bien-être somatique. Faire une dépression, c’est comme un claquage ou une entorse : ça peut arriver à tout le monde et ça se soigne, donc il faut dédramatiser cet état et le déstigmatiser.

Je pense aussi que la société française met trop de pression sur les jeunes quant à leur avenir ou leurs performances et ne leur propose pas non plus un "moule" dans lequel ils ont envie d’entrer... La réforme des retraites, la perspective d’être au chômage ou encore la peur d’être maltraités professionnellement sapent particulièrement leur envie de grandir, favorisant ainsi l’échappement via le numérique, l'usage de drogues et la consommation d’alcool.