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QUESTION D'ACTU

Apnée du sommeil

La sécu veut poser des mouchards pour contrôler les patients

Mettre un mouchard sur un dispositif médical pour vérifier que le patient suit bien son traitement et ne le rembourser qu'à cette condition, la sécu devrait utiliser ce procédé pour les patients souffrant d'apnée du sommeil.

La sécu veut poser des mouchards pour contrôler les patients le laboratoire du sommeil




Pour combler le trou de la sécu, les remèdes sont connus : on baisse le prix des médicaments, on incite les médecins à prescrire des génériques, on augmente le prix du tabac, etc. Pourtant, une nouvelle recette pourrait bien voir le jour. Elle consiste à ne rembourser que les patients qui observent correctement leur traitement. 

Les premiers malades à faire les frais de ce nouveau système sont les personnes souffrant d’apnée du sommeil et équipés d’un système de respiration assistée, appelée la pression positive continue (PPC). Le Journal officiel a publié en septembre un projet d’avis qui prévoit que tous les nouveaux patients soient « téléobservés » à partir du 1er janvier prochain.
Leur équipement de PPC sera donc équipé d’un mouchard qui enregistrera le nombre d’heures pendant lequel il est utilisé. Et en-dessous de trois heures d’utilisation par nuit pendant deux mois, le taux de prise en charge par la sécurité sociale chutera de moitié. Au bout de quatre mois de mauvaise observance, le remboursement est inexistant et aucune nouvelle prise en charge ne sera acceptée avant six mois.

« A terme, il va y avoir des plaintes devant les tribunaux pour non assistance à personne en danger, prévient Alain Murez, président de la Fédération française des associations et amicales de malades ou handicapés insuffisants respiratoires. Et selon lui, il n’est pas certain que les économies escomptées soient au rendez-vous.


Ecoutez Alain Murez
, président de la Fédération française des associations et amicales de malades ou handicapés insuffisants respiratoires (FFAAIR) : « L’apnée du sommeil est aussi responsable d’accidents vasculaires cérébraux, d’accidents de la route. On risque d'avoir du monde aux urgences. »



Si ce projet d’avis entre effectivement en vigueur, ce sera une première. Jusqu’à maintenant, l’observance d’un traitement – si coûteux soit-il – ne faisait pas partie des conditions pour avoir le droit d’être remboursés. Cette méthode inédite n’est donc pas encore rôdée. « Le texte paru au Journal officiel est plein de zones d’ombre, estime le président de la FFAAIR. Il faudrait au moins que les 3h d’observance par nuit soit une moyenne parce qu’il y a des moments où l’on supporte mal ce genre de masque qui ressemble un peu à un masque de la guerre des étoiles ! Par ailleurs, si le malade est à l’étranger, la transmission des données ne sera pas forcément pas possible. Que fera-t-on ? On va refuser aux malades le droit de partir en vacances ?! »

Du côté des médecins, le système « observance contre remboursement » ne soulève pas vraiment l’enthousiasme non plus. Le Dr Yves Grillet, président du syndicat national de l’appareil respiratoire, ne conteste pas le principe consistant à ne rembourser que les patients observants, dans la mesure où ces dispositifs sont très coûteux. « La télémédecine, j’y crois beaucoup mais là, le système sera très réducteur car il ne servira qu’à assurer un contrôle de la part de l’assurance maladie. C’est dommage, déclare le Dr Yves Grillet. On pourrait aussi facilement recueillir d’autres données comme le niveau de pression moyenne, qui permettrait d’améliorer la prise en charge de ces patients ». A ses yeux, la méthode relève donc davantage de Big Brother que d’une saine incitation à bien suivre son traitement.

Ecoutez le Dr Yves Grillet, président du syndicat national de l’appareil respiratoire : « Aucune étude scientifique ne permet de fixer si 3 heures d’observance est effectivement le seuil à partir duquel le traitement est efficace ».



Une récente étude parue en mai dernier estimait même que la PPC diminuait le risque cardiovasculaire… à condition d’être observant 4 h par nuit, et pas trois… Seule certitude, plus le traitement par pression positive continue est utilisé, plus il est efficace. L’hypothèse consistant à dire que 2 heures de PPC par nuit serait mieux que rien n’est donc pas totalement folle.

La FFAAIR n’a donc pas l’intention d’essuyer les plâtres sans broncher. « S’il le faut, nous débarquerons à l’Assemblée nationale avec nos masques, prévient Alain Murez. D’autant que je crains qu’après l’apnée du sommeil, on s’attaque à labroncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Je suis moi-même sous masque à oxygène depuis peu et je me rends très bien compte combien il est difficile d’être un patient observant en permanence… »

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