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Selon des spécialistes américains

Examen : le toucher vaginal de routine s'avère inutile

Par Audrey Vaugrente

inconfortable et gênant, il est aussi imprécis. Chez les femmes en bonne santé, l’examen vaginal est inutile. Ce sont les nouvelles recommandations de l’American College of Physicians.

GUTIERREZ/CORDON PRESS/SIPA

Un examen qui fait partie de la routine des femmes est remis en question. Ce 1e juillet, dans Annals of Internal Medicine, l’American College of Physicians (ACP) met à jour ses recommandations concernant l’examen vaginal de routine… et se prononce contre. Leur revue de la littérature conclut à l’inutilité d’une telle pratique lorsque la femme ne manifeste aucun symptôme.

 

Jusqu’à 80 % de femmes gênées

« L’examen vaginal de routine n’a pas démontré de bienfaits pour les femmes qui ne présentent pas de symptômes, de surrisque ou qui ne sont pas enceintes », conclut le Dr Linda Humphrey, co-auteur de ces recommandations. « Il détecte rarement des maladies graves, ne réduit pas la mortalité, et il est associé à un inconfort pour de nombreuses femmes, des résultats faussement positifs ou négatifs, ainsi qu’un surcoût. » Aux yeux de l’ACP, les conséquences négatives de l’examen dépassent de loin ses bienfaits.

 

La pratique ou non d’un examen vaginal n’est pas associé à une meilleure survie, établit cette revue de la littérature. La précision même du test n’est pas suffisante pour détecter des cancers gynécologiques, à tel point qu’une vérification visuelle devrait suffire pour dépister un cancer du col de l’utérus ou une infection par le papillomavirus (HPV).
En revanche, 1 à 6 femmes sur 10 ont signalé de l’inconfort ou des douleurs au cours de l’examen, et 1 à 8 a émis des craintes, de l’embarras ou de l’anxiété. Tout cela augmente le risque que la patiente ne se rende pas au prochain examen, soulignent les auteurs de l’étude. Sans compter que l’imprécision de cette pratique peut aboutir à d’autres tests : « Les résultats faux-positifs peuvent entraîner des tests et des procédures inutiles et ajouter des coûts de santé qui n’étaient pas nécessaires », analyse le Dr Molly Cooke, président sortant de l’ACP et membre du Comité de Recommandations de Pratique Clinique.

 

« Davantage un rituel » qu’une pratique bénéfique

Chez des patientes qui ne présentent aucun symptôme, aucun risque particulier et qui ne sont pas enceintes, l’examen vaginal est purement et simplement inutile, conclut l’ACP. Dans certains cas – des femmes souffrant de pertes vaginales, de saignements anormaux, de douleurs, de troubles urinaires, de dysfonction sexuelle – il pourrait même être inapproprié.

 

« L’examen vaginal a une place prépondérante dans la santé des femmes depuis plusieurs décennies, et il est davantage un rituel qu’une pratique basée sur des preuves », commentent les Dr George Sawaya et Vanessa Jacoby, du département d’Obstétrique, Gynécologie et Sciences Reproductives à l’université de Californie à San Francisco (Etats-Unis) dans un éditorial associé à l’étude.
« En l’état actuel des connaissances, les médecins qui continuent à proposer cet examen devraient au moins être conscients de l’incertitude quant à ses bienfaits et ses méfaits potentiels liés aux résultats faux-positifs et la cascade d’événements qu’il entraîne. »