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Congrès de l'ESHRE

FIV : la grossesse multiple accroit le risque de cancer du sein

Par la rédaction

Selon une étude néerlandaise, les femmes qui ont une grossesse multiple après une fécondation in vitro ont un risque accru de 44% de cancer du sein par rapport aux mères d'enfant unique.

DURAND FLORENCE/SIPA
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Et si la grossesse multiple après une fécondation in vitro faisait courir un risque supplémentaire de cancer du sein aux femmes ? C'est en tout cas ce que semble démontrer une étude de cohorte néerlandaise présentée à Londres ce mardi au congrès de la société de médecine reproductive et d'embryologie (ESHRE) et rapportée par l'agence de presse APM.


D'après Els Groeneveld du centre médical de l'université de VU, à Amsterdam qui a mené l'étude, « il est généralement admis que les hormones telles que les oestrogènes ou la progestérone pendant une grossesse multiple stimulent la prolifération cellulaire dans le sein, ce qui augmente la probabilité de mutations somatiques et donc de cancer du sein ».
L'explication médicale la plus souvent avancée pour expliquer ce phénomène est décrite par le scientifique néerlandais dans cette étude, « c'est la forte augmentation de la concentration sanguine en facteur de croissance de l’endothélium vasculaire qui pourrait être à l'origine de l'augmentation du risque de cancer du sein ». C'est en partant de ce postulat que l'équipe de chercheurs d'Amsterdam a décidé d'étudier ce risque potentiel.


C'est pourquoi ils ont mené leurs recherches sur une étude de cohorte rassemblant des femmes ayant suivi une FIV, population dans laquelle le nombre de grossesses multiples est artificiellement augmenté, explique Els Groeneveld. L'équipe de scientifiques s'est alors appuyée sur les données de la cohorte Omega constituée de 12.589 femmes traitées par FIV et suivies pendant une durée médiane de 16,7 ans. Les auteurs ont noté qu' au final 38,7% d'entre elles n'avaient pas eu d'enfant, 47,9% avaient eu un enfant unique et 13,4% avaient eu une grossesse multiple.

Mais, là où les résultats sont intéressants, c'est que les taux de cancer dans ces trois différents groupes  constatés ont été respectivement de 2,2%, 2,6% et 3,4%. Conclusion, il y avait donc un surrisque de 44% dans le groupe des grossesses multiples par rapport aux mères d'enfant unique. 

Cependant, les chercheurs tempèrent leur découverte en précisant que le surrisque de cancer du sein chez les femmes ayant une grossesse multiple était statistiquement significatif si toutes les implantations d'embryons avaient réussi (surrisque de +86%), alors que ce n'était pas le cas des femmes ayant eu une grossesse multiple après une implantation incomplète, seulement +31%. Pour les  scientifiques, ces résultats « appuient une fois de plus l'hypothèse selon laquelle il existerait un lien entre la capacité des femmes à réussir leur implantation et le risque de cancer du sein ».

Mais les médecins ne se veulent toutefois pas alarmistes, et précisent que «ces résultats ne constituent pas pour autant une incitation au dépistage des femmes ayant une grossesse multiple après une FIV », a tempéré Els Groeneveld. Et le chercheur de rassurer les femmes en conclusion de cette étude, « nous avons besoin de plus d'études pour confirmer ce lien, et l'ampleur du risque reste faible ».